Editorial

Satan est parmi nous

© D.R

Une affaire de plus en plus mystérieuse secoue le landernau judiciaro-policier. L’affaire du supposé tueur en série casablancais qui découpe soigneusement ses victimes fait de plus en plus ravage. L’aspect rituel de ces crimes aiguise de plus en plus l’imagination des enquêteurs. Et s’il s’agissait d’une oeuvre diabolique accomplie par des adorateurs de Satan ?
Les pratiques sataniques n’ont-elles pas de tout temps constitué un des contingents les plus spectaculaires, les plus fascinants et les plus inquiétants des faits divers ?
Chez nous, la découverte épisodique de cadavres – quatre jusqu’à présent : trois femmes et un homme – mutilés et découpés d’une manière qui apparaît – si l’on peut dire – de plus en plus standardisée et qui est devenue en soi une véritable signature a mis les enquêteurs sur des pistes assez étranges. Des groupes de jeunes « in »appelés peut-être rapidement pour les besoins de la procédure « adorateurs de Satan » ont été identifiés. Ces jeunes ont en commun le fait qu’ils aiment les mêmes films d’horreur avec des tronçonneuses et des sur-doses d’hémoglobine, la même musique en général du hard rock, heavy ou metal, c’est selon, et de temps en temps l’immolation, disons sacrificielle pour forcer le trait scabreux, d’un chat. La connexion internationale de ce qui peut être une secte satanique avec ses pratiques et ses rituels se fait par le truchement d’Internet qui permet de mesurer la vitalité, la prouesse et la performance de chaque groupe national. Se laver avec le sang d’un chat, viol en réunion sur une fille parce que Satan l’habite… Tout cela est bien connu et les informations sont à la portée de tout internaute moyen.
Moins d’une vingtaine de jeunes seraient ainsi impliqués dans ces festivités où l’on tire le diable par la queue peut-être plus par bravade adolescente inconsciente et dangereuse que par un culte démoniaque librement assumé. Des enfants sans repères, assez gâtés par la vie, ou tout simplement par leurs parents, fréquentant pour certains des établissements scolaires autrefois réputés, se sont trouvés piégés dans cette dérive iconoclaste et barbare.
Maintenant, est-ce que ces jeunes ont un rapport avec les cadavres découverts à Sidi Othman, Hay Hassani, El Fida, ou le Maârif? Rien n’est moins sûr. Il va falloir que l’enquête diligentée par la brigade nationale de la police judiciaire, par des faits avérés, lève toute ambiguïté. El il va falloir aussi que l’instruction qui démarre au tribunal de Casa-Anfa lève également toutes les zones d’ombre qui entourent cette affaire.
Des jeunes déviants sataniques ou pas est une chose, des meurtres en série en est une autre. Même si la conjoncture « criminelle » d’une ville comme Casablanca est en apparence assez difficile ces derniers temps, nous sommes loin des statistiques industrielles des métropoles mondiales de même dimension. Et il serait dommage à la faveur d’une paranoïa collective, certainement injustifiée de faire de petits voyous paumés de grands criminels.

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