Editorial

Sauvez les autres Loubna

© D.R

Ce qui est arrivé à la petite Loubna à Oujda est abject. Une petite fille de 9 ans suppliciée, écartelée et martyrisée par un détraqué sexuel. Au-delà de la colère et de l’indignation légitimes que nous pouvons ressentir, une seule question doit habiter nos esprits : Que devons-nous faire à l’avenir pour protéger nos enfants ?
La mort atroce de Loubna ne doit pas, chez nous, être banalisée. Soit par des discours de circonstance. Ou des postures aussi indignées que passagères. Il faut non seulement de la fermeté contre les délits sexuels dont sont victimes les enfants, une législation claire et solide pour réprimer ces actes, mais aussi de la prévention, de la communication, de la pédagogie et une mobilisation de la société de tous les instants contre cette inhumanité.
Nos enfants sont en danger, dans la ville, dans les campagnes, dans les rues et dans les douars. Il se font humilier, racketter, intimider et parfois violenter sans que les criminels ne ressentent une quelconque pression à leur encontre. Dans notre pays, la pédophilie existe. Dans nos villes touristiques, les mineurs ont accès la nuit à des espaces qui font un commerce sexuel de leur ingénuité, de leur pauvreté et de leurs misères. La prostitution de mineurs, de plus en plus apparente, stigmatise nos centres urbains. Un climat délétère généralisé s’installe car les délits sexuels ne sont pas considérés par un bon nombre de Marocains comme de vrais délits, les plus ignobles qui soient. Il n’y a aucune forme d’impunité à imaginer face à ces monstruosités. Tout le monde doit le savoir. Maintenant que nous dit le ministre de la Justice ? Que nous disent les magistrats ? Quelle est la position des bâtonniers du Maroc ? Que dit la police ? Ils doivent tous s’adresser à nous et nous expliquer leurs positions, les mesures qu’ils entendent prendre, la prévention à organiser, la communication de masse à adopter, la mobilisation à organiser etc… Tout silence face à ce drame de l’enfance marocaine serait au moins un grave manquement sinon une forfaiture. Les Loubna courent nos villes et nos campagnes. Le crime d’Oujda peut se répéter partout et à tout instant. Plus jamais ça, on le dit souvent et pour tout, au point que l’expression a été galvaudée. On le répète pour toutes les Loubna du pays : Plus jamais ça.
Une société qui cultive l’horreur, qui laisse croire à l’impunité, et tourne le dos à la gravité de la situation de son enfance est une société indigne et condamnée à la déliquescence. Elle ne peut être porteuse d’aucune valeur. D’aucun idéal. Et d’aucune humanité.

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