Editorial

Séquence rire

© D.R

«J’ai rencontré Daniel Toscan du Plantier. C’est le personnage le plus comique qu’il m’ait été donné de voir. Il est difficile de connaître quelqu’un qui comprenne plus mal le cinéma que lui». Quand on tombe au hasard des lectures sur un passage de cette épaisseur, on est estomaqué. Ce qu’a dit Sergio Leone, que l’on peut qualifier quand même de grand du cinéma, sur Daniel Toscan du Plantier (DTDP, c’est plus simple) dans sa conversation avec Noël Simsolo est proprement ahurissant.
Soit Sergio Leone connaît bien DTDP et alors pour notre festival, on nous a fourgué un rigolo de première classe. Soit DTDP est vraiment un rigolo et alors il est à contre-emploi pour diriger notre festival. De toute façon, moi, j’ai décidé de hurler de rire mon désaccord.
Pour de multiples raisons. D’abord parce que nous sommes en démocratie, même au Maroc. Ensuite parce que le torrent consensuel visqueux qui entoure cette manifestation mondaine délocalisée tue toute idée de critique, alors que celle-ci est à la base même du cinéma. Que serait un bon festival sans une belle polémique ? Sans un beau scandale ? Sans des gens en colère ? Et sans que l’on chambre un peu Daniel Toscan du Plantier, son armada parisienne lobotomisée, son aréopage indigène dévoué et soumis et sa pléiade de stars qui, quand elles ne sont pas encore sur le retour, elles sont déjà sur le départ ? Rien du tout. Alors moi, je vais vous aider à atteindre la perfection.
Voilà un festival au scénario français, au casting français, à la machinerie française et dans lequel nous, c’est notre vocation, nous offrons uniquement le décor et les noceurs embadgés. Alors ça suffit ! Vous croyez qu’ici vous êtes chez vous, ou quoi? L’été est fini. Un peu de retenue, voyons, et ayez un peu d’estime pour la servilité ambiante, pour la médiocrité klaxonnante et pour l’indigence en partage. Vous profitez de nous car nous n’avons pas encore achevé notre transition démocratique, parachevé notre État de droit, réformé notre administration et bouclé notre processus électoral décisif. C’est pour cela que vous prenez vos aises à l’insu de notre détriment.
Alors Toscan, tu le dis à Daniel ou à Plantier, tu te débrouilles : nous voulons des histoires drôles. Quitte ta mine triste d’organisateur sérieux et fais nous rire. Ne déçois pas Sergio! Paie nous, une bonne tranche, en retour. Fais nous fendre la poire. Fais quelque chose d’humain qui pour une fois irait à contre courant des valeurs, des intrigues et du clientélisme du monde impitoyable du cinéma hexagonal. Montre nous que tu nous aimes et lâche toi un peu. Tu es à Marrakech quand même. La capitale marocaine de l’humour.
Au passage, une petite blague, rien que pour te dérider un peu. Quelle est la différence entre le Festival du cinéma de Marrakech et l’Université d’été du Front national ? Réponse: à Marrakech, il n’y a que des bougnoules.

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