Editorial

Traité politique à l’usage des démunis

© D.R

À la faveur des élections législatives que nous avons vécues et des tractations qui s’en sont suivies, un homme d’exception s’est révélé, dans le sens strictement photographique du terme. Mohand Laenser. C’est lui. Une trouvaille politique rare. Un pur génie électoral, transparent, sincère et crédible. Un homme tellement dans l’air du temps que le temps lui-même pense qu’il ne manque pas d’air. À la tête, si l’on peut dire, du mouvement populaire, il a tout fait pour mettre son parti, 27 députés, au carrefour des combinaisons politiques post-électorales. Il a, parfaitement, réussi. Chacun a pris sa voie, lui, il est resté au carrefour. Il a inventé une nouvelle figure rhétorique : le sémaphore. Tout le monde est passé, lui, il est resté planté comme un mât tricolore.
Voilà un homme politique qui, au lieu d’emprunter les grandes autoroutes de la communication, il se contente, bizarrement, de jouer au petit télégraphiste en compagnie de son aïeul, pour attendrir ses interlocuteurs et susciter la compassion et la charité. En plein jour, il joue aux visiteurs du soir. Et en plein soir, il joue au passe-muraille. Un accord, en béton, avec l’USFP. Un autre, en acier, avec l’Istiqlal. Et un troisième avec celui qui veut bien. Au bout des courses, il a tout fait foirer. Et le MP risque de s’asseoir, sur tous ces accords, dans l’opposition. C’est de l’expertise politique à l’état solide. Comme l’assainissement du même nom. Avec ce fait d’arme, Laenser et Aherdane finiront, c’est sûr, à Science Po. De chambre, bien sûr.
La mouvance populaire pouvait être incontournable dans le jeu politique marocain. Laenser et Aherdane, par leurs simagrées, l’ont rendue contournable. Un stock potentiel de 67 députés dilapidé entre deux rendez-vous mal fagotés. Qui dit mieux ? Personne. Ce sont les députés ministrables de ces formations qui doivent être heureux. Ils ont été mis hors course par leurs dirigeants charismatiques. Aujourd’hui, selon nos informations, de bonnes sources, ils comptent pour du beurre rance.
Vouloir manoeuvrer à la fois l’Istiqlal et l’Usfp, c’est un peu téméraire pour un héros fatigué et un héros malgré lui. Blouser Abderrahmane et Abbas, en même temps, la belle affaire. Avant que nos deux lascars, hâtivement déguisés en stratèges, ne réalisent la fatuité de leur prétention, ils se sont retrouvés lestés, aussi rapidement qu’on exécute un mutin à Bouaké, par deux kilos d’accords, 3 kilos de signatures, 5 kilos de communiqués et 10 tonnes de déclarations d’amitié partisane, de bon voisinage idéologique et de respect démocratique mutuel. À vouloir faire la nique à plus futé que soi, on se retrouve rapidement démuni quand l’hiver est venu. Et l’hiver est bien là. Et démunis, nos deux duettistes, ils le sont. Maintenant, que faire ?
Rien, sauf que pour tous ceux qui ne veulent jamais faire de la politique dans notre pays, c’est le moment pour eux de rejoindre massivement le MP ou le MNP. Ils n’en feront jamais. C’est garanti. Il n’y a rien à craindre de ce côté-là.

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