Editorial

Un mariage, un moment de joie, d’espérance, de bonheur

© D.R

La presse espagnole dans sa profonde et charitable disponibilité à l’égard du Maroc veut faire du mariage du Souverain une affaire politique. Un. Elle veut savoir, ce qu’elle ne savait manifestement pas, qui est invité et qui ne l’est pas. Deux. Interdire à ceux qui le seraient d’y participer au motif que Abdeslam Baraka, notre ex-ambassadeur à Madrid, est un jour parti sans laisser d’adresse et sans laisser les clés à un éventuel repreneur.
Les relations sont certes mauvaises. Les motifs sont multiples pour ne pas se sentir très à l’aise les uns avec les autres. Mais quand même, un mariage ? Un moment de joie, d’espérance, de bonheur. Cela relève de l’absence de pudeur que de mêler un événement de cette dimension et de cette symbolique pour toute une nation au lot quotidien des griefs bilatéraux.
Comme si la vie, surdéterminée par un voisinage exacerbé, ne pouvait plus ménager des pauses de paix, des instants de sérénité et des moments d’apaisement. Qu’ils se rassurent : le temps des problèmes reviendra assurément, celui des solutions aussi, inexorablement.
Cette réaction, au-delà du fait qu’elle nous signifie clairement que dans l’animosité maladive que nous portent ces gens-là, il n’y a aucun répit, aucune sacralité et aucune rémission. C’est total comme la haine, alors qu’il s’agit de bonheur, comme la violence alors que c’est de paix qu’il s’agit, comme le passé alors que c’est l’avenir qui nous fait un signe radieux.
C’est cette bonté-là, didactique, que l’Espagne d’aujourd’hui, entrée à reculons dans une modernité qui nie ses valeurs essentielles, a perdue. Dans le traitement infligé à nos émigrés, dans la perception de l’arabe et du Marocain en particulier, dans son rapport y compris économique avec notre pays, dans le commerce qu’elle fait avec notre sensibilité à l’égard du Sahara marocain, et dans sa vision ridicule et passéiste qu’elle a de notre région.
Un Mariage, disions-nous ? Oui même un mariage aussi illustre, aussi moderne pour un pays comme le nôtre, aussi porteur d’espoir pour le statut de la femme marocaine, aussi noble dans sa démarche comme dans sa célébration.
Nos amis et voisins, obnubilés qu’ils sont par la haine ordinaire et domestique qu’ils nous portent, ne voient pas ça. Ils ne voient rien de ce qui nous concerne. Une cécité totale et absolue. Ni nos efforts, ni nos peines, ni nos difficultés, ni nos joies. Le Maroc que nous voulons construire entre nous et aussi avec eux ne les intéresse guère. Nos fragiles équilibres sociaux, notre démocratie naissante et ses institutions, nos ambitions légitimes non plus ne les intéressent pas.
Savent-ils au moins ce que signifie dans notre culture et dans nos traditions, qui ne sont d’ailleurs pas très différentes des leurs, un mariage ? Ils le savent, c’est certain. Mais c’est cette volonté de nier cette culture mêlée, partagée et non assumée par eux qui donne la mesure du fossé qui nous sépare désormais.
Alors de grâce, laissez les Marocains vivre dans la paix ce rare moment de communion que peut offrir la vie. Laissez les construire leur destin. Et faire leur chemin celui d’une nation séculaire certes mais qui veut embrasser l’avenir avec bonheur, détermination et résolution.

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