Editorial

Un ver ça va…

© D.R

«Chirac est un ver. » Ce titre barre la Une du tabloïd anglais The Sun du jeudi 20 février avec une illustration hyper explicite. Cette édition spéciale distribuée à Paris pose une question aux Français : « N’avez-vous pas honte de votre président ? » Tout le problème vient, bien entendu, de la position de la France et de Jacques Chirac contre la guerre unilatérale américaine en Irak. Les insultes fusent, tout y passe.
On y lit avec délicatesse : « Nous pensons qu’en menaçant constamment de recourir à son droit de veto pour empêcher toute action militaire destinée à faire appliquer la volonté des Nations unies en Irak, votre président, Jacques Chirac, est devenu la honte de l’Europe. ».
Et ce n’est pas fini, les amabilités continuent: « Les citoyens du Royaume-Uni estiment que M. Chirac, qui au Royaume-Uni est surnommé le “Ver”, se pavane avec arrogance sur la scène internationale avec pour seul objectif de donner à son pays une importance démesurée par rapport à la réalité. »
Ensuite avec un ton menaçant très fin, The Sun poursuit : « Lorsque Saddam Hussein aura disparu, les Britanniques et les autres européens se tourneront vers la France et se poseront la question de savoir si ce pays est encore un allié.
Les peuples se demanderont si ce que dit la France par l’intermédiaire de ses dirigeants a encore la moindre valeur. »
Et le final arrive avec un rappel historique à peine culpabilisant : « Nous, Britanniques, pensons également que vous, Français, avez oublié ce que vous devez aux autres nations, et en particulier aux États-Unis et à la Grande-Bretagne, qui sont venus à votre secours lors des deux guerres mondiales. Vous n’étiez que trop heureux d’accueillir les Américains lorsque la France était écrasée sous la botte hitlérienne. »
Voilà. Le paquet est livré, on vous devait bien cela. Mais on n’est pas tiré d’affaire pour autant. Cette obstination guerrière commence vraiment à tourner à la mascarade. Soit on est d’accord avec la folie guerrière inutile de Bush ou, dans le cas contraire, ce sont les imprécations et les injures les plus infâmes qui jaillissent. On assiste absolument à une régression puérile mondiale par laquelle Bush et notamment Blair donnent un visage hideux de leurs pays respectifs.
Désinformation, mensonges, manipulation, fabrication de faux documents, intimidation et finalement les insultes.
Toutes les méthodes les plus dégoûtantes et les plus répugnantes sont utilisées pour permettre à un président américain fasciné par la guerre d’aller détruire un peuple. Rarement, la communauté internationale n’est tombée aussi bas dans la vulgarité et dans l’abjection.
Nous sommes tous des vers quand il s’agit de défendre la Paix. Et le monde entier est, aujourd’hui, peuplé de vers qui refusent le diktat enfantin et dangereux d’un Bush hyper armé qui veut faire joujou, d’une manière sanguinaire, avec le destin de la planète. À la terreur des armes, le contrôle de l’information, ils ajoutent la terreur du verbe. Jusqu’où iront-ils ? Le dictateur de Bagdad est aujourd’hui surclassé en dangerosité par le fou de Washington. Le monde a vraiment peur.

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