Editorial

Un verre, ça va ….

L’affaire Fadel Iraki a plongé le microcosme médiatique marocain dans une profonde perplexité. Comment l’actionnaire du Journal Hebdomadaire, connu pour être un assureur et un commerçant en objets d’art, a basculé dans le délit de recel d’une manière aussi flagrante? Pensait-il que sa position dominante dans cette publication, commercialement positionnée dans l’opposition, pouvait lui assurer une quelconque impunité ? Difficile à croire. Estimait-il, peut-être, qu’à un certain degré de nuisance – assez relatif d’ailleurs – de sa publication sur le plan politique, il pouvait bénéficier d’une sorte d’immunité artistique et culturelle que rien, dans l’absolu, ne peut lever ? Cela est très improbable. Considérer que la malhonnêteté se conçoit d’une manière instinctive, comme les  Arts primitifs, cela serait, dans le cas de cet esthète, une faute de goût. Quand on fait dans l’Assurance, la prévoyance devrait être une seconde nature.
On peut faire discrètement les poubelles de son voisin par ennui ou par recherche de plaisir interdit. On peut, aussi, par inadvertance, soulager de quelques croûtes le grenier d’un tonton malade. On peut également, par charité, délester de son argenterie une tante à l’article de la mort. Mais personne, me semble-t-il, n’a une vocation instantanée de cambrioler la cave d’un palais royal. Non, cela manque de hauteur. Cet acte doit avoir une signification autre. La délinquance, à ce niveau, doit probablement exprimer un engagement politique subtil.
Dans l’opposition à un régime comme le nôtre, on peut diviser le travail. L’un s’occupera, à coup d’offres de service, de la réforme de la Constitution et des conseils péremptoires et intempestifs de bonne gouvernance. Le deuxième s’intéressera à la primogéniture et à la refonte du système dynastique en attendant un vasistas personnel de lancement. Le troisième continuera à expérimenter, avec un peu plus de bonheur que par le passé, les swift bancaires dans l’espoir de percer une fois pour toutes les secrets de la haute finance et les mystères de Oukacha. Et le dernier s’occupera, tout simplement de la vaisselle de la monarchie jusqu’à la dernière carafe ou le dernier verre de cristal. Aujourd’hui, on va à la brocante comme hier on montait au front. C’est la période qui veut cela. La IVe Internationale des chineurs contre la Tricontinentale des pickpockets. Le parti des faussaires contre le Front de libération des escrocs.
Drôle d’opposition. Et drôle de presse. Elle donne des leçons de vertus. Elle donne des leçons de morale. Elle pontifie. Elle sait tout. Elle trompe son monde. Elle bidonne. Elle organise des faillites frauduleuses. Elle plagie. Elle fait chanter les gens. Une véritable association de malfaiteurs avec un journal «escroc-madaire» comme support idéologique. Une vraie chance pour ce pays qui n’en demande pas tant. Mais, il s’en remettra…

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