Editorial

Une aube radieuse de liberté

La décoration de l’écrivain marocain Edmond Amran El Maleh par S.M le Roi à Essaouira est un événement exceptionnel, qui réjouit les amoureux des arts et des lettres, surtout les vrais. Cette distinction sublime arrive à temps pour nous combler et surtout combler un homme qui a tout fait sur le tard. Le talent réel et profond se conjugue mieux avec la patience qu’avec l’urgence, notamment médiatique, que chérissent les vaniteux invétérés et les «Rastignac» professionnels.
Edmond est fait d’une autre eau. Pure et cristalline, comme la rosée de sa ville natale. Généreuse et stimulante, comme son tempérament que le souvenir des pluies de Mogador a adouci à jamais. La distinction royale consacre l’oeuvre d’un homme dense et apaisé. Un Juste, vraiment, si vous me permettez ce retournement innocent de concept. Juste dans le regard sur les autres, juste dans sa parole et juste dans sa posture dans sa communauté nationale. Je ne peux pas, sans vouloir faire état d’une intelligence fourbe ou d’une inventivité sournoise, éviter de succomber au plaisir exquis de la mise en abîme.
Pardonnez-moi de citer Aujourd’hui Le Maroc dans son édition N° 24 – déjà -du 24 décembre 2001avec un article sobre et «suffisant» comme un bonsaï intitulé : Petite biographie d’un très grand écrivain, écrit – déjà – par un Aziz Daki dont le chemin n’avait pas encore croisé -au diable!- les estampes et les lithographies. «Né à Safi en 1917, dans une vieille famille juive, Edmond Amran El Maleh s’est mis à écrire à l’âge de 63 ans, après un passé de professeur de philosophie et de journaliste, précédé lui-même d’une longue période de militantisme au sein du Parti communiste marocain. El Maleh en fut l’un des responsables dès les années 40, alors que le parti était encore clandestin, jusqu’en 1959, date à laquelle il a abandonné la politique». «Une époque d’une richesse passionnante, une aube radieuse de liberté et de fraternité que l’effondrement du régime soviétique et les critiques justifiées qu’il suscite ne sauraient amoindrir», écrit El Maleh dans son introduction à «Parcours immobile». Edmond Amran El Maleh est aussi critique d’art. Ses écrits sur la peinture marocaine contribuent à l’enrichissement de cet art.
Edmond Amran est l’auteur de plusieurs essais et romans : «Le parcours immobile», «Aïlen ou la nuit du récit», «Mille ans un jour», «Abner Abounour», «La peinture d’Ahmed Cherkaoui», «L’oeil et la main», «Maspéro et la pensée sauvage», «Le café bleu», «La Malle de Sidi Maâchou.» Vous le constatez, on ne peut pas mieux ou plus ramasser, en quelques lignes de la main, un destin. C’était écrit.

Articles similaires

EditorialUne

Ancrage bancaire

Le changement du tour de table ou du propriétaire d’un établissement bancaire...

EditorialUne

Confirmations

Les projections des experts du FMI pour la croissance mondiale, globale, par...

EditorialUne

Statistique évolutive

L’élaboration des politiques publiques ainsi que la prise de décision, aussi bien...

EditorialUne

Révolution green

Le Salon international de l’agriculture démarre dans quelques jours et aura comme...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux