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1er Job : Histoire de recommandation?

© D.R

La recommandation est toujours prise péjorativement. A l’ère du 21ème siècle les donnes ont pourtant changé face à un marché exigeant et des candidats diplômés voire sur-diplômés.

«Concernant les jeunes diplômés, la recommandation professionnelle est nécessaire, voire bénéfique. Maintenant cela ne veut pas dire que cette recommandation va avantager cette recrue par rapport au reste des collaborateurs. Il existe des grilles de salaire et aujourd’hui tout se sait, donc le directeur devra faire attention pour ne pas créer des tensions», explique Ali Serhani, directeur de Gespers Services (chasseur de têtes depuis plus de 20 ans). Le réseau est important et les experts encouragent aujourd’hui à un tel développement chez les salariés. Cela dit, dénicher le premier job est toujours très difficile car justement le réseau n’existe pas et le salarié, fraîchement diplômé, ne connaît pas du tout le marché du travail. Une première recommandation ne fera pas de mal dans ce cas. L.O., juriste de formation, n’est pas de cet avis. «J’ai toujours compté sur moi-même et j’ai toujours effectué des petits boulots en parallèle de mes études. Par la suite, je me suis forgé une personnalité et j’ai saisi une opportunité pour faire de mon travail actuel un métier.

J’en suis fière car cela s’est fait à travers mes compétences et sans l’aide de personne». Autre son de cloche bien différent chez N.T. qui a préféré faire appel à une connaissance, dès sa sortie de l’Ecole supérieure, pour valider sa première expérience. C’était une étape pour franchir le cap de la vie active. Mais par la suite, les compétences ont été mises en avant pour embrasser une carrière dans un monde professionnel tout autre et plus passionnant. Dans ce cas, la recommandation ne représentait qu’un coup de pouce pour s’essayer dans le monde professionnel avant de choisir la trajectoire proprement dite. Concernant H.H., le premier emploi a été rendu possible à travers une annonce dans un cabinet conseil et fiscal. Après avoir effectué des études en économie, le premier réflexe de H. fut de présenter sa candidature auprès d’une société fiduciaire. L’expérience n’aura duré que 4 mois car le choix de H. ne correspondait finalement pas à ses attentes.

Recommandation ou pas, c’est l’expérience professionnelle qui permet au salarié de faire le bilan d’un emploi. Certains sont plus chanceux, cela dit. C’est le cas de F.B qui, dès l’obtention de son diplôme de technicienne en gestion des entreprises a décroché son poste à travers le réseau Anapec. Son recrutement a été confirmé et sa première aventure professionnelle dure depuis 11 ans. La démarche a été entreprise par la jeune femme sans recommandation et à travers un réseau mis en place par les pouvoirs publics pour orienter les profils vers des postes adéquats. Autre témoignage convergeant vers la stabilité de l’emploi, c’est le cas de HB qui après avoir terminé sa formation alternée avec des petits boulots, a été informée de la création d’une grande entreprise évoluant dans l’acier. Sa candidature spontanée s’est donc effectuée à un moment propice au recrutement. Preuve en est que le haut cadre financier y est resté plus de 23 ans!

Pour HT, les choses se sont passées bien autrement, mais à son avantage. Alors qu’elle était venue à l’époque pour perfectionner sa formation, l’établissement l’a recrutée. Aucune recommandation n’a été effectuée à l’époque. Et la première aventure a permis d’orienter, au fil des ans, la carrière de la jeune cadre qui évolue aujourd’hui dans un tout autre domaine. Idem pour KR. Cette jeune cadre diplômée d’une grande école de management de la place a été débauchée par un grand magasin d’ameublement juste après avoir été sollicitée pour réaliser l’étude de marché de l’enseigne. Elle y est restée pendant 4 ans avant de décider de changer de domaine d’activité. Ce n’est pas le cas de GF qui atteste clairement que «sans recommandation, elle n’aurait pas eu l’opportunité de travailler. Et d’ailleurs, c’est le cas de toute sa promotion de l’école de gestion et commerce. Ceux qui n’ont pas été recommandés ont atterri dans des centres d’appels…». Pour elle et face à la situation actuelle du marché de l’emploi, «c’est très dur de trouver un emploi». Une première expérience représente une belle opportunité de s’accomplir avant de tracer réellement sa trajectoire professionnelle. Ce n’est pas le cas d’AB qui a répondu spontanément à une annonce il y a 7 ans. Avec sa formation Bac+5 option marketing, la jeune dame est toujours fidèle au poste.

La première aventure aura ramené une stabilité professionnelle sans recommandation nécessaire. Pour sa part, Kenza B garde un excellent souvenir de sa première expérience professionnelle qui lui a permis de voyager et de s’épanouir.

Cela dit, ses prétentions salariales l’ont poussée à s’essayer ailleurs. Le premier job restera inoubliable pour elle dans le sens où son affirmation s’est faite grâce à ses compétences et sans intervention aucune. De même pour HM, la première expérience professionnelle a été couronnée de 11 ans de travail assidu. Sans recommandation, l’information lui a été soufflée par un ami. Son profil correspondant, le recrutement fut naturel.

Mais pour lui, la génération montante a plus de mal à se frayer un chemin pour décrocher un job qui ouvrira leur carrière professionnelle. C’est bien dans ce sens que Ali Serhani encourage les candidats à développer leur réseau pour aboutir à une recommandation professionnelle.

«Il est clair que le background est nécessaire pour que la démarche réussisse. On peut recommander une personne ayant une excellente formation mais qui sera virée après la période d’essai pour des raisons comportementales ou autres», explique l’expert. Plus, les chefs d’entreprises se sentent plus en confiance à recruter une personne qui a été recommandée par une personne crédible de l’entourage plutôt qu’une personne, certes diplômée, mais inconnue au bataillon. La vision «ouled nass» est réelle. Encore au 21ème siècle. C’est un fait. C’est une histoire de confiance.

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