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Ahmed Najmeddine : «Des dispositifs transversaux d’appui et d’accompagnement mis en place»

© D.R

Entretien avec Ahmed Najmeddine, président de l’Université Hassan 1er (UH1)

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L’UH1 continuera, certainement, à élargir et à ancrer le caractère professionnalisant de son offre de formation pour qu’elle prépare au mieux les générations à venir à répondre aux défis qu’elles devront relever.

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ALM : Quelles sont les filières les plus prisées par les nouveaux bacheliers dans votre université ?

Ahmed Najmeddine : Sur le plan quantitatif, je peux dire que toutes les filières de l’Université sont prisées par les étudiants. Ceci peut être traduit par l’évolution des effectifs des inscrits qui a connu un taux de croissance très important au cours de ces dernières années passant de 8.055 étudiants en 2010 à environ 37.000 au titre de la présente année universitaire.

Sur le plan qualitatif, et ce sont toujours les indicateurs qui m’intéressent le plus, je suis tout à fait conscient que l’attractivité de l’offre pédagogique et scientifique de mon institution se mesure principalement par la capacité d’améliorer l’articulation «formation-recherche-professionnalisation», d’augmenter la «lisibilité» de ses formations et d’œuvrer pour l’employabilité des lauréats. Et c’est dans ce sens que l’amélioration de la professionnalisation a toujours constitué un axe prioritaire dans notre plan de développement stratégique. Actuellement les filières professionnalisantes représentent plus de 73% de l’offre totale contre 62% en 2010. L’analyse de la carte de formation de l’UH1 montre aussi une richesse et une diversité de l’offre couvrant divers champs disciplinaires, sciences et techniques, management et commerce, économie, finance, audit, droit et gestion, métiers du travail social, sciences de l’ingénieur et sciences de l’éducation, qui connaissent tous des demandes croissantes de la part des étudiants. Nous nous distinguons à l’échelle nationale par l’enseignement des sciences de la santé, des sciences de sport et de sécurité.

Actuellement nous œuvrons, à travers notre centre de ressources pédagogiques et didactiques, en partenariat avec des organismes internationaux leaders dans le domaine pour la promotion de l’enseignement à distance et ce dans une stratégie d’enseignement de proximité. Une nouvelle approche pédagogique qui contribuera certainement à renforcer encore l’attractivité de notre offre de formation.

C’est également avec la même volonté que nous avons ouvert des formations en parfaite adéquation avec les besoins du secteur de l’emploi, adoptant l’approche de l’alternance en impliquant des opérateurs économiques aussi bien dans la conception de leurs contenus que dans leurs mises en œuvre.

Avez-vous une idée sur le taux d’insertion des lauréats de l’UH1 sur le marché de l’emploi ? Et quels sont les mécanismes mis en place par votre université pour renforcer l’employabilité des lauréats ?

J’étais toujours convaincu que le recentrage de l’institution universitaire sur les problématiques cruciales de développement national et régional demande une écoute des attentes du marché professionnel, afin d’amener les établissements à se focaliser davantage sur le renforcement des processus pédagogiques et organisationnels.

Dans notre politique d’amélioration de l’employabilité de nos lauréats à l’Université Hassan 1er, nous ne nous contentons pas d’offrir à nos étudiants une formation en adéquation avec le secteur socioéconomique. Mais nous déployons également de grands efforts pour améliorer leurs compétences à travers des dispositifs transversaux d’appui et d’accompagnement, dont l’enseignement des langues vivantes ou encore la promotion des échanges universitaires dans le cadre de la mobilité internationale.

D’autre part, notre institution a mené depuis 2011, 6 enquêtes sur le cheminement professionnel de ses lauréats, et ce en partenariat avec l’Instance nationale d’évaluation relevant du Conseil supérieur d’éducation de la formation et de la recherche scientifique, là je vous parle également d’une expérience particulière au niveau national. Notre objectif, à travers ladite étude, est d’avoir une bonne visibilité sur notre offre de formation pour une meilleure adéquation avec l’évolution du marché de l’emploi.

Les principaux résultats obtenus ont révélé que l’insertion professionnelle chez tous nos lauréats démarre avec un taux moyen de 54%, pour atteindre 80%. Ce taux atteint 95% dans un établissement à accès ouvert, en l’occurrence la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, il est de 100% au niveau de l’Ecole nationale de commerce et de gestion et de l’Institut supérieur des sciences de la santé. Plus que cela, l’examen précis des typologies de trajectoires sur le moyen terme (31 à 36 mois) a souligné que 50% des lauréats disposent d’un emploi durable, 37,7% poursuivent leurs études et seulement 12,7% sont victimes du chômage durable.

Des indicateurs très encourageants, mais qui ne nous empêchent pas, en tant qu’acteurs, de mener une réflexion consistante autour de la relation formation-emploi. Et c’est avec cette conviction que nous travaillons actuellement, avec l’appui de l’USAID, pour la mise en place d’un centre de développement de carrières qui accompagnera l’étudiant de l’Université Hassan 1er le long de son parcours universitaire.

Quelle place occupe la recherche et développement dans votre université ?

La recherche scientifique s’insère dans notre mission universitaire, nous lui accordons 10% de nos recettes propres, soit annuellement plus d’un milliard de centimes. Notre politique de valorisation scientifique passe à travers un certain nombre d’actions. Je cite à titre d’exemple « Marobtikar », l’incubateur de projets de création d’entreprises créé depuis 2011 qui joue pleinement son rôle dans la détection et l’accompagnement des projets issus de différentes régions du Royaume. Sur les 15 projets sélectionnés et incubés, touchant aux domaines de l’agriculture, de l’environnement, des énergies nouvelles et des technologies d’information et de communication, 6 start-up ont été créées. Dans une politique de mutualisation et de regroupement des différentes structures de valorisation et de recherche et développement avec une optique de transversalité et d’interdisciplinarité , nous avons mis en place un projet structurant de la «Cité de recherche et de l’innovation» d’un montant global dépassant les 55 millions de dirhams pour sa construction et son équipement. C’est un partenariat avec notre ministère de tutelle, le ministère de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique et la Région Casablanca Settat.

Dans le même sens et pour renforcer le paysage universitaire et économique national nous avons crée un cluster «Efficacité énergétique des matériaux de construction» renfermant en son sein des industriels, des architectes, des ingénieurs, et des universitaires. La recherche scientifique et l’innovation nous ont permis de nous positionner parmi les meilleures institutions nationales avec 39 brevets, dont 7 internationaux et 3 modèles industriels.

Quelles sont vos perspectives de développement pour l’année prochaine ?

L’année prochaine sera une année spéciale à l’université Hassan 1er, d’abord un nouveau président, comme je termine mes deux mandats, mais aussi trois nouveaux établissements qui sont à l’affiche et qui viennent d’être approuvés par le Conseil de gouvernement tenu jeudi 11 avril 2019. Il s’agit de la Faculté des langues, des arts et des sciences humaines (FLASH), de l’Ecole supérieure d’éducation et de formation (ESEF) et de la Faculté polydisciplinaire de Berrechid (FPB). Des composantes qui vont diversifier davantage l’offre de formation innovante au sein de l’Université. Notre université lancera également le projet de construction de son Institut des sciences de sport qu’abrite actuellement l’Ecole nationale de commerce et de gestion.

L’UH1 continuera, certainement, à élargir et à ancrer le caractère professionnalisant de son offre de formation pour qu’elle prépare au mieux les générations à venir à répondre aux défis qu’elles devront relever. De même, et grâce à l’opérationnalisation de sa cité de recherche et d’innovation, elle élargira son spectre de recherche et d’innovation, afin qu’elle soit productrice des connaissances et des richesses dont le Maroc du XXIe siècle a besoin. Notre institution dont l’internationalisation a pris une forte dimension lors des dernières années continuera, avec l’appui de ses partenaires, à mener des projets innovants et structurants lui permettant d’être un acteur incontournable dans le développement de la société marocaine de demain, un hub africain et un pays ouvert en continu à de nouveaux horizons internationaux.

Et c’est pour l’ouverture internationale de son étudiant que notre université continuera, au titre de l’année prochaine, dans son projet de construction d’un centre de langues vivantes, objet d’un partenariat avec la commune de Settat. Permettez-moi de vous souligner que notre institution accueille actuellement 9 enseignants invités venus d’horizons académiques divers pour l’enseignement des langues anglaise, espagnole, portugaise, russe et chinoise.

Ces objectifs aussi ambitieux que réalisables amèneront l’université à adopter des approches de gouvernance moderne, là le chemin est bien tracé à travers les différents chantiers déjà concrétisés, et c’est avec beaucoup de fierté que je vous annonce que notre institution est la première à l’échelle nationale qui est actuellement dotée d’une comptabilité générale, elle est même en train de certifier ses comptes.

Quelle lecture faites-vous de l’enseignement supérieur au Maroc ?

L’enseignement supérieur au Maroc s’inscrit dans un paysage national de plus en plus ouvert, dynamique et compétitif, un paysage marqué par les profondes réformes engagées depuis près de 20 ans. Au milieu de toutes ces transformations, et partant de la responsabilité sociale qui leur incombe, les établissements de l’enseignement supérieur au niveau national se trouvent devant le défi de renforcer leur attractivité, la qualité de leurs prestations en termes de formation et de recherche ainsi que leurs modes de gestion et de gouvernance.

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