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Education: Le préscolaire agonise

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Rien ne va plus pour l’enseignement  préscolaire au Maroc. Près de 40% des enfants de 4-5 ans, soit 458.000, n’ont fréquenté aucun établissement préscolaire en 2012-2013. Aujourd’hui le taux national de préscolarisation n’est que  de 59,7% et il n’a pas évolué depuis 2005-2006. Pire, ce dernier  a connu une régression  notable de plus de 10%.

C’est ce qui ressort  de l’étude élaborée par le ministère de l’éducation nationale en partenariat avec l’Unicef dont les résultats ont été présentés mardi 3 juin à Rabat. 

Cette étude qui a pour objet précis d’évaluer l’état actuel du préscolaire montre que l’offre préscolaire reste limitée et inégalement répartie en quantité et en qualité sur le territoire national. L’analyse des données révèle  que ce taux atteint uniquement 39,4% en milieu rural et  ne dépasse pas les 25,5% chez les filles. Une situation qui n’est pas près de s’améliorer avec la suppression des salles d’école dans le milieu rural. Le rapport note que de 18.826 salles en 2005-2006, il ne reste plus que 14.012 salles en 2012-2013.

Mais le plus alarmant a lieu au niveau des méthodes employées lors de la collecte des données. A ce sujet, le document pointe du doigt l’absence de concertation sur les bases statistiques à utiliser  par les différentes parties institutionnelles impliquées dans la gestion du préscolaire.

 Le nombre des enfants de moins de 4 ans et de plus de 6 ans est ajouté au total des effectifs préscolarisés alors que des enfants de 4-5 ans sont déjà inscrits dans les écoles primaires.

L’étude va encore plus loin en relevant que  des  responsables au niveau   des délégations du ministère de l’éducation nationale comptabilisaient les effectifs des autres départements dans leurs statistiques annuelles.  A noter que des enfants inscrits dans des écoles primaires suivent parallèlement un enseignement coranique et sont par conséquent recensés deux fois.

Le non accès au préscolaire constitue un handicap majeur comme l’a souligné la représentante de l’Unicef  au Maroc, Regina De Dominicis. «L’analyse de la situation nous montre que l’absence d’accès au préscolaire constitue un premier handicap que l’enfant traîne durant toute sa scolarisation par la suite et cause, par effet mécanique, un  retard d’accès au primaire».

En effet, plus de 15% des enfants en milieu rural intègrent le cycle primaire avec au moins un an de retard scolaire. «Seulement 20% des enfants démontrent les habiletés nécessaires à un bon départ dans l’éducation fondamentale dès leur intégration au cycle d’éducation primaire», a déploré Mme De Dominicis.  Le retard scolaire est à l’origine de l’abandon et de la déperdition scolaires. Les statistiques officielles montrent que le taux d’abandon et de déperdition scolaire enregistrés sont respectivement de 3,2% au primaire et 10,4% au collège.

L’étude en question s’est aussi  intéressée  à comprendre pourquoi il est difficile sur le plan qualitatif d’instaurer un préscolaire de qualité généralisé.  L’absence d’une vision du préscolaire constitue le principal obstacle.

A ceci s’ajoutent les sources de financement qui sont souvent irrégulières, l’absence de promoteurs privés et de partenaires du préscolaire  dans le monde rural et les zones difficiles.  L’étude déplore également l’absence de campagne de sensibilisation qui aurait pour but d’assurer une éducation préscolaire de qualité aux enfants.  

Une stratégie intégrée et intersectorielle pour bientôt?

L’élaboration de cette étude a permis d’émettre plusieurs recommandations pour la généralisation du préscolaire au niveau national. Sur le plan financier, le préscolaire doit être subventionné et les frais de scolarité doivent être à la portée des familles.

Il faut aussi encourager les promoteurs à investir dans les zones difficiles  par l’octroi de terrain  et l’élaboration de cahier des charges plus souple ainsi que des incitations claires telles que l’exemption d’impôts. Sur le plan juridique et organisationnel, la gestion, le contrôle et l’enseignement doivent être rationnalisés et confiés  à des ressources humaines formées pour ces missions.

L’encadrement et le contrôle pédagogique doivent être assurés par des cadres compétents et formés pour cette mission. L’élaboration d’une stratégie intégrée et intersectorielle s’impose au plus vite. Son élaboration et sa mise en œuvre devront reposer sur une coordination efficace entre les différents intervenants. La coordination pourra être confiée au ministère de l’éducation nationale et aux collectivités territoriales.

 

 

 

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