Emploi

Said Bellal : «Les entreprises ne retiennent pas pour retenir, on ne retient que ceux qui sont indispensables»

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On trouve souvent, dans une même structure, des profils semblables avec des salaires différents. Ne serait-ce pas une mise en jeu de la notion de l’équité ?
Au Maroc, nous avons fortement touché cette problématique au niveau des banques surtout. Il y a quelques années, les profils issus de grandes écoles étaient disponibles sur le marché, les recrutements se sont faits aisément et les salaires étaient proportionnellement bas, comparés à ce qui est proposé aujourd’hui. L’évolution de ces salaires se fait toujours de façon très lente. Aujourd’hui, avec la raréfaction des talents, on se retrouve face à de nouvelles recrues, sans expérience et ayant les mêmes qualifications que les cadres recrutés auparavant. En revanche, leurs salaires sont souvent bien plus élevés. C’est une vraie problématique et c’est même frustrant pour les nouvelles recrues qui se verront quelque part rejetés.  Ici, il faut faire appel à un bon management parce qu’il s’agit bel et bien d’une iniquité. En revanche si l’un de mes cadres, pour des circonstances graves, n’a pu honorer ses engagements, je lui dois reconnaissance. Un bon manager est celui qui saura garder un climat sain au milieu de toutes ces tensions.

La rétention des talents ne coûtera-t-elle pas cher à l’entreprise?
Les entreprises ne retiennent pas pour retenir. On retient ceux qui detiennent les savoirs-clés. Les départs coûtent beaucoup plus cher et malheureusement au Maroc on a fait les erreurs qu’il ne faut pas faire. Les départs volontaires initiés il y a quelques années par l’Etat ont fait en sorte que les meilleurs cadres sont partis. C’est tout naturel puisque ceux qui n’ont pas assez de compétences ne quitteront jamais leur poste. En revanche pour le reste, c’est une occasion en or, ils ont et de l argent et de la compétence pour réussir. Ici, il faut réussir un grand défi qui n’est autre que celui du transfert du savoir-faire. La gestion de la relève est un enjeu important. L’entreprise doit assurer le maintien de ses compétences internes et le transfert adéquat des connaissances avant le départ de ses talents-clés.
 
Quels étaient les effets du Printemps arabe sur la masse salariale?
Globalement les salaires ont augmenté. C’est normal puisque c’était l’occasion pour les salariés de rehausser le ton de leurs revendications. Dans de telles situations,  il est de l’intérêt des employeurs d’anticiper toute éventuelle frustration de leurs employés en répondant à leurs revendications. Dans l’enquête rémunération que nous avons menée au sein de Diorh, il est apparu que  ces salaires ont connu une hausse de 6%. En revanche, les employeurs qui n’ont pas cédé, se sont vus dans l’obligation d’augmenter ces salaires de 8%!

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