EditorialUne

Ignorance et manipulation : Mélange explosif…

© D.R

C’était prévisible et inévitable : Centrale Danone a annoncé une série de mesures d’urgence, notamment la réduction drastique de ses approvisionnements auprès des éleveurs et la séparation avec un millier d’employés qui étaient embauchés avec des contrats à durée déterminée (CDD).

Pour réduire de 30% les volumes achetés par Centrale Danone auprès des éleveurs et coopératives, la collecte de lait se fera désormais à un rythme d’un jour sur trois, ce qui va forcément se répercuter sur les revenus des éleveurs eux-mêmes et de leurs familles. Ils sont quelques 120.000 éleveurs à être directement affectés par cette mesure. Et ce ne sont là que les premières mesures qui devront probablement être suivies d’autres plus dures. Ce n’est que le début des conséquences lourdes de la folie destructrice. Pour des raisons occultes habillées en cause sociale aux relents populaires et populistes, on vient d’achever non pas une entreprise avec ses milliers d’emplois mais tout un secteur que le Maroc a mis des décennies à bâtir. Dans les années 70, 80 et même jusqu’aux années 90, le Maroc importait du lait et le mois de Ramadan était signe de pénurie. Chaque année, à l’approche du mois de jeûne et en période de basse lactation, des importateurs se bousculaient pour faire venir de la poudre qui était transformée en lait. Au moyen d’efforts financiers importants et de politiques volontaristes pour accompagner les exploitants, le Maroc a finalement atteint quasiment l’autosuffisance depuis quelques années. Avec la baisse annoncée, beaucoup d’éleveurs vont devoir se débarrasser d’une partie de leur cheptel parce que coûteux et non productif. On a détruit en cinq semaines une filière dont le développement a nécessité plusieurs années, voire des décennies. Et il faudra probablement des décennies pour tout reconstruire.

Mais ce qui se passe dans le lait est valable pour toute l’économie et pour l’attractivité du Maroc à l’international. Centrale Danone étant elle-même une multinationale, on peut être sûr que sa mésaventure au Maroc a été relayée dans le monde.

Là aussi, alors que le Maroc a mis des années, voire des décennies pour bâtir une image attractive auprès de la communauté internationale des affaires, ce qui lui vaut d’être une des destinations les plus prisées des investisseurs étrangers, ce qui vient de se passer avec Centrale Danone, entre autres, va inévitablement rabaisser le score du Maroc. Un investisseur étranger ne s’aventurera jamais à s’implanter dans un pays où du jour au lendemain tout son business peut arbitrairement partir en fumée. Tout cela se produit bien entendu au grand bonheur de pays concurrents et d’autres ennemis qui doivent probablement remercier les Marocains artisans et défenseurs du boycott d’avoir accompli ce qu’ils n’ont jamais pu faire depuis des décennies.

Qui doit-on blâmer pour les milliers d’emplois déjà perdus et ceux qui vont suivre? A qui les 120.000 éleveurs en détresse devront-ils s’adresser pour sauver leurs emplois et leurs familles ?

Au-delà, qui doit répondre demain de la destruction massive et irresponsable de notre économie ?

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