Entretien

Un café avec… Andal Hassisni

© D.R

ALM : Thé ou Café ?
 

Andal Hassisni : Je suis à 100 % café. Je bois même 7 tasses  par jour. Nous les créatifs, nous dormons peu et nous  travaillons généralement la nuit . Donc je peux dire qu’aujourd’hui je vis pour le café.

Comment se passent les journées d’un créatif?

Elles sont hyper chargées. Notre métier est très stressant. Pour certains, le travail d’un designer est anodin. Or la réalité est totalement différente. Comme nous sommes appelés à innover constamment, notre  travail  prend beaucoup de notre énergie.

Créativité et design réfèrent à quoi pour Andal?

Ce sont deux mondes liés. Deux univers complémentaires. En somme, nous créons pour faire du design. On peut se permettre tous types de forme et de création avec ce mélange.

Ce penchant date de quand ?

Depuis mon enfance. J’ai commencé par des reproductions des personnages de dessins animés que j’accomplissais avec perfection. J’ai réussi, donc, à attirer l’attention et intégrer les arts plastiques, en dépit du refus de mon père qu,i lui aussi, appartenait à cette sphère de plasticiens. J’ai pu donc désorienter la carrière de l’artiste-peintre vers un monde nouveau qui est le design.

Ce mariage entre technicité et design a donné naissance à de nouveaux produits en l’occurrence l’artisanat moderne. Parle-nous un peu de tes créations…
L’idée de moderniser l’artisanat est née d’une ambition d’exporter notre patrimoine au-delà des frontières et intégrer nos produits dans tous les espaces intérieurs, arabes soient-ils ou occidentaux. En participant à des expositions organisées dans divers pays par le ministère de l’artisanat, j’ai eu l’occasion de promouvoir notre culture et notre identité. J’étais vraiment surpris par l’engouement des gens pour ce type de produits. Chose qui m’a poussé à me battre pour démocratiser le design et l’adapter à toutes les bourses.

Quelles sont tes ambitions ?

J’ambitionne de trouver mes produits sur les étalages des grandes surfaces. Pour atteindre cet objectif, il faut s’inscrire dans une optique de production. Là je suis en cours de prospection. Malheureusement, les industriels marocains qui répondent présent préfèrent travailler sur des moules anciens, ce qui fait perdre au produit son  âme et son identité. J’ambitionne également d’explorer l’Afrique, qui se veut un marché très prometteur. Il faut profiter de cette ouverture et rattraper le retard enregistré sur le marché européen. Je suis très optimiste et je sens que cela va bientôt se déclencher.

Quelle est la création favorite d’Andal ?

Pour répondre à la question, je dirais le soliflore zellige. J’ai une préférence pour cette forme, sa noblesse et sa finesse. J’aimerais bien créer des objets qui le lui ressemblent. Mais,  à vrai dire, je n’ai pas d’attachement particulier. Chaque produit reflète une histoire, un moment ou un souvenir précis.

Revenons à ton prénom. Que signifie Andal ?

Andal c’est un prénom purement arabe qui réfère au chant d’un oiseau. C’est le choix de mon père qui est attaché à la littérature arabe. Il nous a choisi des prénoms un peu distingués. Au départ, je portais mal mon prénom. Aujourd’hui, je peux dire qu’il crée l’exception. D’ailleurs je l’accepte de plus en plus.  Grâce à Andal, j’ai créé une identité. Ce prénom je l’ai déposé en tant que nom de marque « Andal design». D’ailleurs il a été sélectionné parmi les 64 marques lors de la dernière édition du Morocco Awards.

Loin de la production artistique. Où aimes-tu t’évader ?
Je me retrouve plus dans les cafés. Je trouve une sérénité particulière quand je suis sur ces lieux. Cela m’apaise beaucoup et me permet par ailleurs de mieux réfléchir. Pour mes plans futurs, je songe à faire un tour du monde en caravane. Je veux que le monde entier soit ma maison pour m’arrêter là ou je me sentirais le plus à l’aise. Il arrivera un moment où je fuirais ce système stressant afin de savourer paisiblement la tranquillité.

Et pour les loisirs….

Je suis un grand fan de la photo. A chaque fois que je me retrouve derrière mon objectif, je suis vraiment transporté. Il y a des choses qu’on ne peut pas voir à l’œil nu et que je peux facilement détecter derrière ma caméra.

Et comment tu vois l’avenir ?

Je le vois blanc. Je suis très optimiste et j’appelle tous les jeunes à contribuer à l’essor du Maroc pour préparer un avenir meilleur pour les générations à venir.