Entretien

Un Café avec Bouchra Barrijal, Parlementaire

© D.R

ALM : Les marocains vous ont découvert avec les compliments dont vous avez gratifié le chef de gouvernement sur sa cravate, en pleine séance parlementaire. Pourquoi tant de louanges pour une simple cravate ?

Bouchra Barrijal : Ce qui m’avait séduite à l’époque ce n’était pas la cravate en elle-même, mais ce qu’elle représente. C’est le symbole d’une responsabilité qu’on porte autour du cou. Je m’adressais au chef de gouvernement qui était aussi peu accoutumé au port de la cravate qu’à l’exercice du pouvoir. C’était une manière de souligner le fardeau que représente cette nouvelle responsabilité et c’était aussi ma façon de l’encourager à assumer pleinement son nouveau rôle.  

Une femme dans la politique, ce monde de macho, vous gérez ça comment?

C’est la femme qui a éduqué les machos, elle ne se sent donc pas si étrangère en politique. La question n’est pas de savoir ce qu’a appris la femme en côtoyant les hommes politiques, mais ce qu’elle a apporté à la politique. C’est la femme qui est une école pour les hommes. J’ajoute qu’il n y a pas plus politique qu’une femme. Vérifiez par vous-même ! Dans son foyer, elle fait de la diplomatie, de la gestion économique, de l’éducation, etc… En plus de la cuisine (rires). Dans cette optique, c’est le monde politique qui a beaucoup à perdre en ne s’ouvrant pas assez aux femmes. Il faut dire que ces dernières doivent exploiter encore plus toutes leurs potentialités. Pour cela, elles doivent dépasser certains obstacles ancrés aussi bien dans leur mentalité que dans celles de l’homme. Enfin pour être réaliste, c’est aussi grâce au soutien des hommes que la femme est entrée en politique. Le quota, dans ce sens, a été d’un grand apport.

Quand on est parlementaire, avocate, militante associative et poète comme vous, il reste du temps pour faire la cuisine à son mari ?  

La parlementaire ne diffère pas de sa sœur enseignante, avocate ou médecin. Pour elle, la cuisine est une question d’organisation. Dans mon cas, je cuisine plus par plaisir que par devoir. Rappelons dans ce sens que le code de la famille a partagé les rôles et les tâches ménagères équitablement entre l’homme et la femme. Toutefois, c’est souvent la femme qui excelle dans la cuisine. Cet espace étant pour elle un espace de souveraineté et de pouvoir. 

 

Il y a aussi les cuisines politiques… La cuisine interne des partis,  la cuisine des complots. On cuisine aussi pour gagner des élections…  Qu’en pensez-vous ?

Il est sûr que les cuisines politiques existent. Mais aujourd’hui, elles sont devenues infectes. Elles ont brulé jusqu’à répandre leurs mauvaises odeurs chez le citoyen. Démocratie et cuisine politique s’opposent. Mais force est de constater qu’on est dans une phase de transition, et que nous souffrons de certaines défaillances en calories, en vitamine Dé-mocratique et E-ducation. Dans ce contexte, une certaine cuisine politique, qui peut être menée à haute échelle, par une élite capable de réunir les meilleurs ingrédients, peut être autorisée. Il faut ainsi dresser le menu, le plan, la stratégie pour orienter et développer notre société.

Vous intéressez-vous au football ?

Je m’intéresse au football vu son importance  pour les marocains, et particulièrement les jeunes. Malheureusement, nous n’avons plus de lions de l’Atlas, mais plutôt des chats. Ces joueurs qui devaient être érigés en modèle, au lieu de développer leurs techniques et démontrer leur patriotisme sur le terrain, sont plus créatifs dans leurs coupes de cheveux et leurs apparences excentriques. Les responsables de la fédération doivent faire leur travail et révéler les perles qui manquent à notre football.

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