Entretien

Victor El Baz : «Le défi est de continuer à accompagner le dévelop-pement économique global, sans se presser outre mesure»

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ALM: Globalement, comment voyez-vous le secteur automobile au Maroc et quels sont, à votre avis, ses véritables défis ?
Victor El Baz : C’est un secteur très dynamique, en constant essor. Nous avons la chance d’avoir un pays en phase ascendante de développement, et un taux de motorisation encore très faible, y compris par rapport à notre voisin le plus proche. Le défi est de continuer à accompagner le développement économique global, sans se presser outre-mesure, et d’éviter le manque de réglementation à ce sujet. Le Maroc est un marché intéressant pour la plupart des constructeurs, mais il ne faut pas tomber dans le piège de l’ouverture excessive sans contrôle de qualité, notamment au marché bas de gamme asiatique.

Vous avez parlé à la presse d’une «Nouvelle stratégie» ainsi que d’un «Nouveau plan d’investissement» de la C.A.C. (Centrale Automobile Chérifienne) pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?
La nouvelle stratégie de la CAC consiste à conserver et à capter la clientèle premium de notre marché. Nous jouissons aujourd’hui d’une image forte et valorisante grâce à nos produits et à notre action locale, il s’agit maintenant de la conserver et de la renforcer. L’objectif principal est que le client soit satisfait «Customer Satisfaction Comes First» dans tous les domaines. Cela commence quand il est reçu dans nos showrooms, ensuite au moment de la vente et surtout après que la vente ait été conclue.

La nouvelle réorganisation structurelle de la C.A.C fait-elle partie de cette stratégie ? En quoi consiste-t-elle ?
Effectivement. C’est avant tout dans un souci d’optimisation de la qualité de nos prestations que nous avons choisi de nous réorganiser. La nouvelle réorganisation structurelle consiste principalement à terme en la séparation des marques. Chaque marque du groupe a réussi à attirer une clientèle qui lui est propre, il est aujourd’hui très important qu’elles se retrouvent dans leur propre univers. De même les agents commerciaux de chaque marque sont très pointus en ce qui concerne la marque qu’ils commercialisent et ont développé un argumentaire particulier, il est donc nécessaire qu’ils aient une surface séparée. L’Audi Terminal est la première pierre à l’application de cette stratégie avec des prestations de très haut niveau conforme à l’image et la qualité de nos véhicules.

En quoi consiste, également, votre «Nouveau plan d’investissement» ? A combien s’élève le budget dédié ?
Le nouveau plan de séparation s’applique tout d’abord à Casablanca avec un nouveau showroom pour Volkswagen de plus de 1.000 m2 et d’un Centre Porsche totalement indépendant. Le tout pour un budget de l’ordre de 65 millions DH.

Le nouveau showroom est un bel édifice moderne et dont les plans ont été fournis par la maison maire «Audi». Cela est-il dû à une ou des raisons particulières ? Si oui, quelles sont-elles ?
Audi exige que le client soit reçu dans un environnement conforme au niveau d’exigence auxquel répondent les produits qu’il commercialise. Il entend aussi que quel que soit le lieu dans le monde où un client se situe, il retrouve le même univers Audi avec le même niveau de prestations.

«Audi» est actuellement le 2ème constructeur automobile premium dans le monde. Au Maroc, les derniers chiffres de l’AIVAM confirment l’excellente santé de la marque par rapport à ses concurrents directs et historiques. Quel est votre secret ?
Je crois qu’en plus de la qualité et de l’avance technologique de nos vehicules par rapport à nos concurrents, nous avons développé une culture d’entreprise qui fait que nos collaborateurs sont les premiers fans de nos produits et n’ont pas de peine à transmettre cette passion aux clients.

L’Organisation internationale des constructeurs automobiles (Oica) vient d’indiquer que la production automobile mondiale allait progresser de 3% cette année, après avoir enregistré une croissance du même ordre en 2011 (17,7 millions de véhicules). Toutefois, avec un marché européen qui souffre actuellement, y’aura-t-il un quelconque impact sur le marché marocain, notamment après le démantèlement des barrières douanières ?
Le marché marocain est encore un petit marché qui se développe selon son propre référentiel et ses propres données économiques. Je crois que nous ne pouvons pas comparer, cependant je pense que le démantèlement douanier est une très belle opportunité pour notre marché.

L’impact sur l’environnement est pour sa part indéniable. Au Maroc, les technologies «hybride» et «électrique» n’ont, pour l’instant, pas encore accroché. Cela dit, la conscience environnementale est là. Ajoutée au fait qu’au Maroc, quelques «carburants alternatifs» sont plutôt connus, certains sont même utilisés, mais reste extrêmement dangereux. Pensez-vous que l’automobile «verte» et les «biocarburants» ont de l’avenir au Maroc ?
Pas dans les 5 années à venir, mais à moyen terme s’adapter à l’utilisation de ces nouveaux carburants sera une nécessité absolue.

Pourquoi, à votre avis, l’automobile «verte» peine à s’implanter au Maroc ?
Je pense que c’est le cas de nombreux autres pays en développement. Le client n’est pas encore sensibilisé, le marché n’est pas mûr, la demande est pour le moment insuffisante. Passer à ces nouveaux carburants demande un investissement important qui n’est pour le moment pas justifié aux yeux des différents acteurs.

Plus que quelques semaines avant le démarrage de l’Auto Expo Casablanca 2012. Verrons-nous du nouveau aux stands Audi, Volkswagen, Porsche et Skoda ?
Je vous laisse venir découvrir les stands par vous-même, pour ménager la surprise. Je peux vous dire cependant que oui, il y aura du nouveau !

Quels sont vos objectifs en terme de vente pour chaque marque commercialisée par la C.A.C ?
Ce sont des objectifs ambitieux, en ligne avec les objectifs de nos constructeurs. Ils se situent entre 20 et 30% de croissance en moyenne.

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