Nous sommes à Agadir. Charmantes, Laïla, Nadia et Jamila empruntaient, cet après-midi du samedi 19 décembre 2009, le boulevard Mohammed V. Elles sont trois amies intimes qui sortaient de temps en temps pour faire un tour en ville. Elles conversaient tout en traînant leurs pas quand une voiture s’est arrêtée non loin d’elles. Le chauffeur a klaxonné. Les trois jeunes filles l’ont regardé tout en reculant pour lui permettre de passer. Mais, il ne voulait pas reprendre son chemin. Il leur a lancé un sourire. Les trois filles se sont échangées les regards avant de s’arrêter. L’automobiliste et un deuxième jeune homme qui l’accompagnait sont descendus de la voiture. Ils ont invité les trois amies à prendre un pot dans un café. Laïla, Nadia et Jamila n’ont manifesté aucun refus. Elles étaient prêtes à passer quelques moments avec eux en sirotant un jus. Les trois amies sont montées dans la voiture. L’automobiliste a démarré sans leur préciser la destination. Il ne s’est arrêté qu’après être arrivé dans la région Khmis Aït Amira, à cinq kilomètres d’Agadir vers Biougra. Les trois jeunes filles ont remarqué qu’il n’y avait ni café ni restaurant. Il n’y avait que des terrains vagues et des arbres. Stupéfaites, elles s’échangeaient les regards. Chacune essayait de savoir où se trouve le café. Elles n’avaient pas de réponse. L’automobiliste et son ami ont fini par brandir deux couteaux. Ils ont obligé les trois jeunes filles à les accompagner. Elles les suppliaient de les relâcher. En vain. Ils les menaçaient de meurtre. Les trois amies n’avaient pas le choix. Elles ont obtempéré. Entre les arbres, les deux jeunes hommes les ont violées à tour de rôle. Quand l’un gardait deux des trois filles, l’autre abusait de la troisième. Ils sont arrivés à dépuceler l’une des trois filles. Ils leur ont également subtilisé tout ce qu’elles portaient sur elles : téléphones portables, une chaîne et une bague en or et de l’argent. Vers 22 h, ils leur ont demandé de monter dans la voiture et l’automobiliste a démarré. Lorsque le chauffeur est arrivé à Aït Melloul, il leur a ouvert les portières de la voiture et leur a ordonné de descendre sans faire de bruit. Les trois filles se sont adressées à la police pour déposer une plainte. En recoupant les informations dévoilées par les trois jeunes filles avec celles qui sont données par deux autres victimes, les enquêteurs se sont convaincus qu’il s’agissait d’une bande de deux malfrats qui étaient spécialisés dans l’enlèvement sous la menace d’armes blanches, la séquestration et le viol des jeunes filles. Les enquêteurs ont diligenté une enquête minutieuse, mais qui a pris du temps. Les investigations leur ont permis d’avoir le numéro d’immatriculation de la voiture utilisée lors des kidnappings. À qui appartient cette voiture ? A une agence de location de voiture installée au quartier Dakhla à Agadir. Le responsable de cette agence leur a donné l’identité de son client. Il s’agit de Mohamed, âgé de trente ans. Il leur a affirmé qu’il n’a pas encore remis la voiture à l’agence. Depuis, les enquêteurs n’ont pas quitté les lieux. Plus de vingt jours plus tard, Mohamed est arrivé à l’agence de location pour changer la voiture. Et c’était l’occasion de l’arrêter. Il a divulgué l’identité de son complice, âgé de vingt-quatre ans. Celui-ci a été arrêté également le même jour. Tous deux ont été conduits aux locaux du commissariat de police où ils ont avoué leurs méfaits. Lundi 25 janvier 2010, le duo a été traduit devant la chambre criminelle près la Cour d’appel d’Agadir poursuivi pour constitution d’une association de malfaiteurs, kidnapping, séquestration, viol et vol qualifié.