Calmement, il avoue le meurtre de sa maîtresse devant les trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca.
«Je l’ai tuée, M. le président, je ne le nie pas», affirme-t-il. Il est rare qu’un suspect avoue son crime spontanément. La majorité nie. Mais pas Ahmed. Il divulgue même les détails de son crime. «Je l’ai giflée quand elle a refusé de me céder. Je ne sais pas pourquoi elle s’est comportée de la sorte alors qu’on a couché plusieurs fois ensemble», précise-t-il sans manifester le moindre regret. «Je lui ai même donné deux ou trois coups de poing», ajoute-t-il devant la Cour.
Leur relation remonte à deux ans quand il l’avait rencontrée lors de la célébration de la fête d’anniversaire d’une amie en commun. Depuis, ils ont entretenu une relation amoureuse. «J’ai appris dernièrement qu’elle voyait un autre, un jeune je pense», déclare-t-il à la Cour. Est-ce vrai ? Si oui, pourquoi n’a-t-elle pas refusé son invitation de l’accompagner chez lui ? Ahmed ne trouve pas de réponse. Ce jeune homme de trente-deux ans, employé de son état, célibataire, lui avait promis de la demander en mariage. «Oui, M. le président, j’avais l’intention de l’épouser, mais elle a changé de comportement», explique-t-il sans donner de précisions.
Sa maîtresse, une jeune de vingt-quatre ans, employée de son état, célibataire, l’aimait follement selon les témoignages de ses amies.
«Elle m’a craché au visage», dit-il à la Cour. Et c’est justement ce geste qui le mettra hors de lui. Il prend alors un couteau et lui assène un coup qui s’est avéré malheureusement mortel. En effet, quelques instants plus tard elle rendit l’âme. «Tout s’est passé en un clin d’œil, M. le président», avoue-t-il tout en précisant que «c’est le destin, M. le président».
Après les délibérations, la Cour l’a jugé coupable pour homicide volontaire avec guet-apens et préméditation et l’a condamné à 20 ans de réclusion criminelle.