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Chute d’une bande de malfrats

Salle d’audience de la chambre criminelle, premier degré, près la Cour d’appel de Casablanca. Kamal, Ali, Salem et Abdelghafour se tiennent au box des accusés. Ces quatre jeunes célibataires, âgés respectivement de vingt-six, vingt-huit, trente et trente-deux ans, sont poursuivis en état d’arrestation pour constitution d’une association de malfaiteurs, vols qualifiés, coups, blessures et menace à l’arme blanche.
«Je n’ai agressé personne M. le président… Je suis une victime…», assure Salem, le costaud de la bande. Salem n’est pas le seul à avoir nié les charges retenues contre lui. Ses trois complices ont également rejeté toutes les accusations qui leur ont été adressées.
«C’est Salem qui m’a dénoncé à la police… Depuis le jour où je lui ai cogné la tête sur le mur, il a juré de me mouiller au maximum s’il était arrêté par la police… Il est connu par ses antécédents judiciaires !», affirme Kamal, issu de l’ancienne médina de Casablanca. C’est là qu’il est né et a passé son adolescence et sa jeunesse. Tous ses voisins se souviennent de sa cruauté envers les enfants de son quartier et sa paresse à l’école au point qu’il n’a pas dépassé le cycle primaire.
Du jour au lendemain, Kamal s’est donc retrouvé au chômage et accro à la drogue.
Au fil des jours, le voilà devenu l’esclave des joints et des comprimés psychotropes. Un vice qui lui a coûté un mois de prison ferme: il a maltraité un voisin alors qu’il était sous l’effet de la drogue. Une fois libre, il n’a pas abandonné l’univers de stupéfiants. Au contraire, il est devenu accro. Jusqu’à ce que ses parents finissent par lui couper les vivres.
La solution ?  L’idée lui en a été soufflée par Salem, son ami et voisin. Repris de justice, Salem a purgé une première peine de huit mois de prison ferme pour coups et blessures, consommation de drogue et ivresse, puis une deuxième d’un an de prison ferme pour vol simple et violence et une troisième de deux ans de prison ferme pour complicité de vol qualifié. Trois séjours en prison qui ont fait de lui un malfaiteur professionnel.
«Non, M. le président, je ne suis pas le chef de la bande… J’ai renoncé à agresser les gens depuis ma dernière arrestation… Je me débrouille, depuis, pour gagner ma vie en vendant quelques objets d’occasion au souk Djaïjia…», déclare Salem à la Cour. Dit-il la vérité ?
Le procès-verbal consigné par la police judiciaire affirme le contraire. On y lit que Salem s’est employé à former, depuis sa libération, une bande de malfaiteurs qui agressent les passants et cambriolent les locaux commerciaux. Pour lui prêter main-forte, il a fait appel à son voisin Kamal et ses amis Abdelghafour et Ali. En effet, la relation entre Abdelghafour et Salem remonte à trois ans quand ils se sont rencontrés la première fois en prison.
Abdelghafour qui était journalier dans une usine de confection avant de se jeter dans le gouffre de la délinquance a décidé de rejoindre la bande de Salem. De même pour Ali, issu du quartier Moulay Rachid qui a abandonné l’école en huitième année de l’enseignement fondamental.
«Je n’ai jamais participé avec eux ni aux volx qualifiés ni aux cambriolages…», répond Ali à la question du président. Mais le procès-verbal de la police affirme le contraire. On y lit qu’Ali a rejoint la bande après avoir rencontré les trois complices dans un café. Il a participé à plusieurs vols qu’il en a oublié le nombre, a-t-il expliqué à la police. Sans vergogne, ils ont continué à nier les charges retenues contre eux, bien qu’une dizaine de victimes aient attesté devant la Cour avoir été agressées par au moins deux éléments de la bande. Après délibérations, la Cour les a jugés coupables et les a condamnés à quatre ans de prison ferme chacun. Renoncent-ils à leurs actes criminels une fois purgée cette dernière peine ? C’est fort probable, s’ils demeurent au chômage et ne font pas l’objet d’une action de réintégration sociale…

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