Quand elle a perdu son mari dans un accident de la circulation, elle s’est mise à chercher un emploi. Mère de trois enfants, elle devait travailler pour gagner sa vie et surtout subvenir aux besoins de ses enfants dont l’aîné est à son seizième printemps. Feu son mari qui travaillait comme aide commerçant à Derb Omar, à Casablanca, n’avait d’autres revenus que son salaire dérisoire qui ne lui permettait pas de faire des épargnes. Il n’était déclaré ni à la Caisse nationale de la sécurité sociale, encore moins à la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite et de ce fait n’avait aucune rente. Bref, cette mère de famille était dans l’obligation de trouver un travail. Ainsi, elle a été recrutée par une société de nettoyage, le salaire était minime, mais mieux vaut cela que rien. Elle arrivait quand même à payer le loyer des deux petites pièces et cuisine situées au rez-de-chaussée d’un domicile en ancienne médina. Elle arrivait également à nourrir et répondre aux besoins de ses trois petits.
Au fil du temps, elle a rencontré un jeune homme avec qui elle a noué une relation sentimentale. En fait, il était généreux avec elle, à chaque fois qu’ils se rencontrent, il lui refilait un peu d’argent. Elle en est devenue très amoureuse. Quand elle lui a demandé ce qu’il faisait comme emploi, il lui a expliqué qu’il gagne très bien sa vie sans lui préciser dans quel domaine il opère, ni sa fonction. Ce n’est que plus tard, qu’il lui a confié qu’il détenait des contrats de travail en Europe. Il lui a précisé que ces documents lui rapportent beaucoup d’argent. Et il lui a demandé de l’assister en prospectant des clients intéressés par l’Eldorado européen. Pour l’intéresser, il lui a promis une commission variant entre deux à cinq mille dirhams. Depuis, elle a entamé son nouveau business et est partie à la recherche des candidats à l’immigration. Et en deux mois, elle est arrivée à lui ramener une dizaine de «clients» qui versaient des avances allant de dix mille à quinze mille dirhams. Quand à elle, elle ne percevait que des peanuts.
Un mois, deux, trois et quatre mois sont passés, sans que son amant ne lui remette les contrats de travail, qu’elle avait promis à ses clients. Ces derniers impatients, commencent à réclamer leurs argents. A la fin, ils ont déposé plusieurs plaintes auprès du procureur du Roi au tribunal de première instance de Casablanca. Des instructions ont été données aux agents d’autorité concernés, pour l’ouverture d’une enquête. La bonne femme a été arrêtée et a été soumise aux interrogatoires. Elle a avoué avoir soutiré de l’argent contre des promesses qu’elle n’a pas tenues, car cela ne dépendait pas d’elle. Traduite devant la justice, elle a été condamnée à trois ans de prison ferme. quand à son amant, il court toujours.