Nous sommes le dernier mardi du mois de septembre. Assis sur une chaise devant le juge d’instruction près la Cour d’appel à Casablanca, ce père de famille de cinquante et un ans tient sa tête entre les deux mains. Sa femme traîne ses pas dans le couloir ne sachant à quel saint se vouer. Elle est encore sous le choc. Elle ne lui adresse pas la parole. Et pourtant, elle vient pour le soutenir! En fait, elle n’a jamais oublié ce qu’il lui a fait endurer pendant plusieurs années. Sous l’effet de l’alcool, il l’insultait, l’humiliait et la maltraitait devant leurs enfants. Le pire est qu’il avait commencé à la tromper avec une fille de joie qui était sa maîtresse âgée de vingt-six ans. Elle l’a même surpris avec cette dernière il y a quelques mois partageant le même lit dans une chambre située sur la terrasse de la demeure où il habite avec sa famille, au quartier Maârif. N’en croyant pas ses yeux, elle a fini par déposer plainte. Le professeur est arrêté. Il a été jugé en première instance de la chambre correctionnelle et écroué. Mais, en appel, sa femme a retiré sa plainte en déposant un désistement. Bref, il a été relâché après avoir passé une vingtaine de jours en prison. Malheureusement, il n’a pas été reconnaissant envers sa femme. Pire encore, il est devenu accro à l’alcool et à sa maîtresse. Et c’est celle-ci qu’il a tuée.
Ils étaient tous les deux dans la chambre située sur la terrasse. Ils s’enivraient. Au fil des verres, elle l’a sollicité de l’épouser. Elle ne voulait plus rester une fille de joie, elle rêvait d’avoir un foyer. Il l’a traitée de prostituée qu’on paye pour ses services. Les insultes ont cédé la place à l’usage des mains. Le professeur en retraite a saisi une bouteille de vin rouge vide et asséné plusieurs coups à la tête de la jeune fille de joie. Après quoi, il l’a poussée dans les escaliers du domicile. Il est retourné à la chambre pour plonger dans un profond sommeil. C’est son frère qui a découvert le corps de la femme le lendemain matin. Elle était encore en vie mais à l’hôpital, elle a rendu l’âme.