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Humilié, il poignarde son patron

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«Je n’accepte d’être humilié par personne…». C’est ce qu’a lancé Mohamed à son patron et à son chef du personnel avant de claquer la porte de cette unité industrielle où il travaillait. Ses collègues en ont conclu à une démission. D’aileurs Mohamed n’est pas revenu le lendemain.
«En tout cas, je ne l’ai pas licencié…  Il est parti de son plein gré et je lui ai interdi de remettre les pieds dans mon usine…», déclare le patron au chef du personnel qui lui répond par un sourire, comme s’il venait de gagner une bataille. Sans se rendre compte qu’en condamnant au chômage ce jeune homme de vingt-neuf ans, il vient de plonger dans le désespoir une famille tout entière. Car Mohamed est seul à subvenir aux besoins des siens, une famille modeste du quartier Lalla Mériam à Casablanca.
Mais tout cela importe peu au chef du personnel. La seule chose qui compte pour lui est que les employés de l’usine obtempèrent à ses ordres s’ils souhaitent garder leur poste. C’est précisément ce que Mohamed a refusé, convaincu que c’était déjà bien assez de vendre sa force de travail contre un salaire dérisoire. Ce qui ne l’empêche pas d’être, aux yeux de ses collègues de travail, un employé modèle, honnête et travailleur.
«Humilié ? C’est ce que je n’accepterais jamais de ma vie !» Mohamed a pourtant tenté de faire comprendre la situation à son patron, qui a eu peur de la réaction de son employé : les yeux rouges de larmes, dans un état de grande émotion… Il s’était habitué à voir en Mohamed l’employé modèle, docile, obéissant, sans jamais contester ni demander d’explications.
Mohamed tente en vain d’expliquer que s’il en est arrivé à cet échange d’injures avec le chef du personnel, c’est que ce dernier lui a manqué de respect : «C’est lui qui a dépassé les limites !» Attiré par l’altercation, la patron s’était rendu auprès des deux hommes mais sans faire l’effort de déterminer les responsabilités. Pour lui c’était évident, Mohamed avait tous les torts.
«Mon usine n’a pas besoin de toi…», tranche finalement le patron, sans paraître réaliser que ces paroles équivalent à un licenciement.
Mohamed était occupé à ranger des cartons de marchandise quand il fut interrompu par le chef du personnel qui lui ordonna de se consacrer à une autre tâche.
«Attends que je finisse ce que j’ai commencé», lui répond Mohamed, en toute bonne foi. Mais l’autre n’admet pas d’être contrarié et surtout pas contesté dans son autorité. L’échange verbal qui s’ensuit aboutit très rapidement aux injures dont le chef du personnel abreuve Mohamed. Hors de lui, ce dernier lui renvoie des paroles tout aussi viles. Et ainsi de suite, jusqu’à l’intervention du patron, qui a poussé Mohamed, doublement humilié, à quitter l’usine.
Une demi-heure plus tard, alors que tout les employés, le patron et son chef du personnel en tête, croient que l’incident est clos et que Mohamed ne reviendra que le lendemain pour encaisser son solde de tout compte, Mohamed est de retour. Pour réclamer ses indemnités ? Non. Il est armé d’un couteau, il va au-devant du patron et le poignarde à quatre reprises avant de courir vers la porte de sortie en criant : «Je l’ai tué, je l’ai tué…». Heureusement, le patron a pu être sauvé.
«Je regrette de ne l’avoir pas tué», déclarera par la suite Mohamed aux policiers venus l’arrêter. Il a donc été déféré dernièrement devant le parquet général près la Cour d’appel de Casablanca qui l’a poursuivi en état d’arrestation pour tentative d’homicide volontaire avec préméditation.

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