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Il prétendait être Al Mahdi Al Mountadar !

© D.R

«Je suis la lumière de Dieu, Al Mahdi Al Mountadar (Al Mahdi l’attendu) qui combattra Al Massih Adajjal (le christ imposteur)», crie, l’air hystérique, un homme entouré par les éléments de la police de Salé. Est-il un aliéné mental ? Ou un imposteur professionnel ?
En tout cas, ses disciples prennent ses paroles qu’ils boivent comme un élixir pour argent comptant. Nombreux sont ceux qui se sont rendus en séjour dans sa "Zaouia" à Salé.
Quand les policiers ont effectué une descente dans cette dernière qui fait également office de domicile, ils ont cravaté trois autres personnes, Abdelaziz, son «épouse», Fatima Zahra et son «beau-frère», Ahmed. La femme du prétendu Al Mahdi fait aussi partie du lot.
«Il y a plusieurs arguments qui prouvent que je suis Al Mahdi Al Mountadar», lance-t-il  sans ciller à la figure des policiers mi-amusés.
Ce personnage, les cheveux hirsutes engoncé dans une djellaba de laine rapiécée à plusieurs endroits,  prétend posséder une force surnaturelle lui permettant d’exorciser les malades habités par les djinns. «Tous les diables m’obéissent», ajoute-t-il sur un ton énergique. Ahmed est l’un de ses patients. Quand il est arrivé chez lui, il lui a ordonné de rester dans sa Zaouia pour quelques jours afin de l’exorciser. Mais son séjour sera prolongé de plusieurs semaines. Ahmed qui se trouve dans un état psychique lamentable a accepté. Il n’avait pas d’autre choix puisqu’il ne fait pas confiance aux psychiatres.
Le prétendu Al Mahdi le malmène souvent jusqu’à ce qu’il saigne et lui ordonne de temps en temps de faire un grand sacrilège, uriner sur le Coran. « Ton frère est Al Massih Adajjal », chuchote-t-il dans l’oreille de Fatima Zahra, sœur d’Ahmed qui lui rend de temps en temps visite à la Zaouia pour lui verser des sommes d’argent. La pauvre jeune fille n’a pas été épargnée. «Tu ressembles à Satan. C’est pour cette raison que tu es encore célibataire», lui raconte-t-il.Convaincue, Fatima Zahra rejoint son frère Ahmed à la Zaouia. Tout se paie même une petite gorgée d’eau. Rien n’est gratuit. Celui qui se fait passer pour Al Mahdi Al Mountadar lui a même pris un collier en or en contrepartie de ses services. « Tu dois te marier le plus tôt possible», ne cesse-t-il de lui répéter .
Qui sera son époux? Celui-ci est tout trouvé : un ancien ami de “Al Mahdi“. Il se prénomme Abdelaziz. Inculte, ne sachant ni lire ni écrire, ce dernier a cru aux sornettes de son ami, selon lesquelles il est également et réellement possédé par un grand diable. «Tu dois épouser cette femme, elle te va comme une belle djellaba de Bzou», lui ordonne-t-il. Sans acte de mariage et sous le regard halluciné d’Ahmed, le prétendu Al Mahdi a déclaré  Fatima Zahra et Abdelaziz mari et femme. Ensuite, il les a encouragés à partager le même lit pour bénir et consommer l’union.
Ainsi opérait ce charlatan imposteur qui a arnaqué d’autres victimes. Son épouse Malika était comme une marionnette entre ses mains qu’il manipulait à sa guise. Il faisait ce qu’il voulait d’elle en la maltraitant violemment. Pire encore, il l’obligeait à se prosterner devant lui. Etrange. Ni sa femme, Malika, ni son ami Abdelaziz, ni Ahmed, ni sa sœur Fatima Zahra n’ont osé s’opposer à ses projets abracadabrants.
En toute impunité, il a continué à pigeonner les naïfs comme  Abdessadek qui lui a versé d’importantes sommes d’argent pour l’exorciser. Il lui a promis d’ordonner à ses serviteurs, qui sont des diables, d’obliger les responsables de la radio et de la télévision marocaine de le recruter comme chauffeur. Il a également marié Loubna et Taybi sans acte de mariage. Comment tout ce beau monde  est-il tombé dans les filets de ce drôle d’énergumène ? Peut-être parce qu’une bonne partie de la société marocaine croit encore, par ignorance, aux charlatans. Mais pourquoi a-t-il prétendu être Al Mahdi Al Mountadar ? Certainement parce que la religion fait état de l’arrivée de ce personnage à la fin des temps. C’est tout cela que les imposteurs exploitent pour arnaquer les naïfs.
Quant au faux Al Mahdi Al Mountadar,  illuminé, fou ou imposteur,  il a toujours cette phrase à la bouche qui revient comme une antienne : « J’exécute des ordres divins ». C’est ce qu’il ne manquera pas de répéter une fois devant ses juges.

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