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Il vendait des rêves à 50 mille dirhams

Après avoir ajourné plusieurs dossiers, le président de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca appelle Mohamed à la barre. Cinq de ses victimes, trois jeunes filles et deux jeunes hommes, qui ont répondu favorablement à la convocation du tribunal, se dirigent, sur ordre du président, vers la porte de sortie de la salle d’audience. Ils doivent attendre leur tour pour témoigner.  Portant une chemise blanche, des chaussures noires, un costume sans cravate, Mohamed, l’accusé, clame son innocence. « Je ne les connais pas, monsieur le président ! », avoue-t-il. Le président du tribunal lui ordonne de se taire et de ne répondre qu’aux questions du tribunal. L’accusé hoche la tête.
Âgé de 37 ans, Mohamed est issu d’une famille indigente de Hay Mohammadi, à Casablanca. Médiocre à l’école, il a refusé de poursuivre ses études et préféré passer son temps à draguer les filles dans la rue. Ses parents ont tenté par tous les moyens possibles de lui faire entendre raison, mais en vain. Leur dernière tentative : lui proposer de s’inscrire au Centre de formation professionnelle pour garantir son avenir. Mohamed s’est porté candidat au concours de cet établissement. Il a même réussi son examen et commencé ses cours en menuiserie. Cependant, après quelques semaines, il décide de tout abandonner sans raison apparente.  Mohamed ne voulait qu’une seule chose : rôder dans les rues et les boulevards de la ville. De temps en temps, il s’attable aux cafés pour bavarder avec ses copains. Par crainte qu’il ne se livre à la délinquance, ses parents se sont sentis obligés de lui donner de l’argent pour acheter des cigarettes et payer sa consommation dans les cafés. Malgré cela, les choses ont fini par empirer. Au fil des mois, Mohamed s’est tracé un chemin vers le monde de l’escroquerie. «Tu as promis à Jamal un contrat de travail et à Fatima de l’aider à immigrer en Espagne. Qu’en dis-tu ?», lui lance le président du tribunal. Mohamed continue à se disculper : «Non, monsieur le président. Je n’ai rien promis à ces personnes!». Quelques larmes, Mohamed donne l’image d’une victime et non d’un coupable. Il affirme même au président du tribunal qu’il gagne sa vie honnêtement : «Je suis un marchand ambulant».  Le président de la Cour lui fait donc une petite remarque en soulignant qu’il n’avait encore jamais vu un marchand ambulant aussi élégant. Mohamed garde le silence, cette fois-ci. Il ne répond pas et ne réagit pas à la remarque du président. Ce dernier commence alors à appeler un à un les cinq témoins. Chacun d’eux rejette les allégations du suspect. Fatima déclare l’avoir rencontré par le biais d’une amie. Mohamed lui a proposé son soutien pour obtenir un contrat de travail en Espagne contre une somme de 20 mille dirhams. Sans hésitation, elle lui a versé la moitié. À Jamal, il a promis un emploi dans un établissement public contre 30 mille dirhams. Il a reçu, là aussi, la moitié de la somme. Fouzia, quant à elle, lui a versé cinq mille dirhams en vue de décrocher un contrat dans un pays du Golfe. Aux deux autres victimes, Mohamed a promis de les embaucher contre des sommes allant jusqu’à 50 mille dirhams. Après quoi, il a disparu sans donner signe de vie. Son avocat, qui a plaidé non coupable pour escroquerie, a précisé au tribunal que toutes les personnes qui se sont présentées en tant que victimes ont prêté des sommes d’argent à Mohamed. Comme preuve, la défense a présenté au tribunal des reconnaissances de dettes. En répliquant, le substitut de procureur du Roi a souligné que ces reconnaissances de dettes ne sont qu’un moyen utilisé par le suspect pour camoufler son arnaque. Après les délibérations, le tribunal a reconnu Mohamed coupable d’escroquerie et l’a condamné à deux ans de prison ferme, assortie d’une amende de mille dirhams et des dommages et intérêts de l’ordre de 100 mille dirhams.

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