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L’amour les réunit, l’amour les sépare

«Oui, je l’ai tuée…».
Mohamed était ferme, clair et sans détour. Il ne cherchait ni à se disculper ni à bénéficier des circonstances atténuantes. Il a assumé sa responsabilité de ce qu’il avait commis contre sa bien-aimée. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Salé. Au box des accusés se tenait Mohamed, un célibataire de trente-neuf ans. Ses yeux, qui brillaient, fixaient le président de la Cour. Et de temps en temps, il scrutait ses deux assesseurs. Son accusation était l’homicide volontaire. Une poursuite punie, selon les dispositions de l’article 392 du Code pénal, de la réclusion perpétuelle. «C’était un malentendu qui m’a rendu hors de moi», a-t-il expliqué à la Cour.
Mohamed a tout raconté à la Cour. Il n’a rien caché. C’était comme s’il essayait de confirmer son amour à sa bien-aimée. « Je l’ai tuée parce que je l’aimais et je l’aime encore», a-t-il précisé à la Cour les larmes aux yeux. Une réponse qui a surpris l’assistance. Comment un amoureux peut-il tuer sauvagement celle qu’il aime follement ?
«Je l’ai aimée dès le moment où je l’ai croisée à Sidi Allal Al Bahraoui… Elle m’a également aimé», a-t-il ajouté. C’était un amour fort et fou. Depuis, ils pensaient à se marier. Mais Mohamed n’avait pas les moyens. Il ne touchait qu’un salaire dérisoire, puisqu’il travaillait dans le domaine du marbre. Sa bien-aimée était au courant de sa situation matérielle. Mais elle l’aimait, elle ne pouvait pas le quitter. C’est du moins ce qu’elle lui confiait à chaque fois qu’ils étaient sur le même lit en train de faire l’amour. « Mais, je lui ai donné une somme de cinquante mille dirhams que j’ai épargnée durant des années de travail pour qu’elle puisse se préparer à la nuit des noces», a-t-il expliqué. Mais, pourquoi a-t-elle changé dix-huit mois plus tard ?
«C’était la question que je me posais à chaque fois qu’elle commençait à me menacer de me quitter…», a-t-il précisé à la Cour. Tous les deux prenaient, chez lui, le déjeuner quand le téléphone portable de sa bien-aimée a sonné. Elle s’est levée et s’est éloignée de lui pour répondre à l’appel. Un comportement qui lui a mis la puce à l’oreille. En retournant à sa place, elle a expliqué à Mohamed que c’était son cousin qui lui a téléphoné. Depuis, la belle relation a cédé la place aux rixes, aux échanges d’invectives, aux discordances…Et enfin, elle était franche avec lui.
«Elle m’a dit qu’elle va me quitter», a-t-il déclaré devant la Cour.
Elle a insisté pour rompre leur relation. Elle ne voulait plus de lui. Et il a décidé de se venger d’elle. En la tuant ?
«Oui, M. le président. Parce qu’elle voulait me quitter pour se jeter entre les bras de son cousin», a-t-il ajouté.
Il lui a demandé de le rejoindre pour parler de leur relation. Une fois chez lui, il a couché avec elle. Ensuite, il l’a surprise par deux coups de couteau au niveau de son cou et de son visage. Puis, il l’a étouffée en lui bouchant le nez et la bouche. Quand elle est passée de vie à trépas, il lui a criblé tout le corps de coups. Et il est sorti ensuite comme si rien ne s’était produit. Il a voyagé à Kénitra, puis à Fès où il a été arrêté.
Verdict : 25 ans de réclusion criminelle après avoir été bénéficié des circonstances atténuantes.

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