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ll la viole chez elle

Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Safi. La salle d’audience est archicomble ce jour du mois d’avril. Au box des accusés se tenait Mohamed. Célibataire et sans profession, il est à son trente-quatrième printemps. «La victime Houda et les deux témoins Abdellah et Mourad…», a appelé le président de la Cour qui feuilletait le dossier ouvert devant ses yeux. Quand ils ont répondu favorablement à son appel, il les a sollicités de quitter la salle d’audience et attendre dehors jusqu’à ce qu’il les rappelle et  a fixé le mis en cause pour lui rappeler : «Tu es accusé, selon les dispositions des articles 486, 488, 441 et 600 du code pénal, de viol ayant entraîné défloration, introduction par violence dans le domicile d’autrui, coups et blessures…». Mohamed est intervenu rapidement pour clamer son innocence : «Non, M. le président, je ne l’ai pas violée…Je suis innocent… Je ne sais pas pour quelle raison elle veut me jeter en prison… ». Avait-il raison ou tort ?
 Houda, la trentaine, célibataire a déposé une plainte auprès de la gendarmerie royale de Talmast, province d’Essaouira. Elle avait accusé Mohamed de l’avoir violé, avec un certificat médical à l’appui d’incapacité temporaire de travail (ITT) de vingt jours. Les larmes aux yeux, elle a relaté aux enquêteurs les détails. Elle était chez elle au quartier Agdal, vers minuit, plongée dans un  sommeil profond. Tout d’un coup, elle s’est rendue compte qu’une main lui touchait le corps. Elle a ouvert ses yeux et a remarqué la silhouette d’un homme. Qui était-il ? Dans une chambre plongée dans l’obscurité, elle n’a pas pu distinguer ses traits.  Quand elle s’est apprêtée à demander secours, il lui a donné un coup de poing au niveau de la tête, a brandi un couteau et l’a menacée de meurtre. Il l’a obligée à se dévêtir. Houda lui a obtempéré. Sans pitié, Mohamed l’a violée à maintes reprises jusqu’à défloration. Après quoi, il l’a abandonnée. Avait-t-elle remarqué quoi que ce soit sur le corps de son violeur ? Elle a répondu aux enquêteurs qu’elle n’a remarqué que des blessures au niveau de sa main gauche. Les investigations ont permis de mettre l’index sur Mohamed. Ce dernier a nié, au départ de son interrogatoire, être son violeur. Car, a-t-il ajouté aux enquêteurs, il est rentré chez lui, vers 21 h, après avoir été en compagnie de ses deux amis, Abdellah et Mourad. Appelés à la barre, les deux témoins ont attesté ne pas avoir été en compagnie de Mohamed la nuit du viol. Deux témoignages qui l’ont rendu muet. Quant à Houda, elle a affirmé avoir remarqué des blessures au niveau de la main gauche de Mohamed : «Ce sont les mêmes blessures que j’ai remarquées sur la main gauche de mon violeur…».
Après le réquisitoire du représentant du ministère public qui a requis une peine maximale contre Mohamed et la plaidoirie de l’avocat de la défense qui a réclamé l’acquittement de son client pour le doute, la Cour a jugé le mis en cause coupable et l’a condamné à trois ans de prison ferme.

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