Depuis sa jeunesse, Fatima rêve d’avoir ses propres bijoux en or. Mais, à quarante-six ans, elle n’est même pas en possession d’une petite bague. En fait, sa situation matérielle ne lui permet pas de répondre à ses besoins vitaux, comment peut-elle alors avoir une punaise en or ? Seulement, ce rêve irréalisable ne veut pas s’évaporer ni se dissiper de son esprit. C’est comme si elle ne croyait pas au destin. Enfin, cette femme célibataire, demeurant à Marrakech, décide de réaliser ce rêve et par n’importe quel moyen. Nous sommes la fin du mois de septembre. Fatima entreprend le premier pas : elle met ses beaux vêtements, saisit son sac à main et sort de chez elle. Destination, Béni Mellal, sa ville natale. Sa famille y demeure toujours, mais, elle n’a pas l’intention de lui rendre visite. Parce que son voyage est programmé pour un seul objectif : avoir des bijoux en or. À bord d’un autocar, Fatima parcourt cent quatre-vingt-quatorze kilomètres. En arrivant à Béni Mellal, elle décide d’entamer le deuxième pas: chercher un bijoutier facile à tomber dans les filets. Elle le repère, et commence la troisième étape de son plan. Celui-ci consiste à chercher une femme par qui elle doit jouer le jeu. À ce propos, elle se plante devant le centre hospitalier régional. Avec ses regards, elle dévisage quelques femmes. Tout d’un coup, elle se jette sur l’une d’elles, lui fait l’accolade et l’embrasse comme si elle la connaissait depuis belle lurette, elle l’invite ensuite à prendre un déjeuner dans une gargote. La femme ne fait pas prier. Tout d’un coup, elle la sollicite d’aller avec elle chez un bijoutier, ce que la femme a accepté facilement. Toutes les deux rentrent chez le bijoutier. Fatima commence à faire ses choix :Trois bagues, deux bracelets, cinq boucles, une gourmette, deux chaînettes… Ah ! Fatima lui demande de l’autoriser à partir à l’autre ruelle pour montrer la marchandise à sa sœur malade. Le bijoutier ne refuse pas. Elle laisse son sac à main et la femme qu’elle lui a présentée comme sa sœur et part. Une demi-heure, une heure, deux heures. Elle ne donne plus signe de vie… Avisée, la police l’arrête à la gare routière s’apprêtant à retourner chez elle dans la ville ocre.