Faits-Divers

Tué par sa femme et sa belle famille

C’était lors d’un mariage au quartier Tahajawite, à Mrirt dans la province de Khénifra, quand Fatima et Driss se sont rencontrés pour la première fois.
A-t-elle oublié cette nuit ? Non, sans aucun doute. Driss non plus, du moins avant qu’il ne pousse son soupir. Cela remonte à plus de quatre ans.
C’était un coup de foudre qui a ôté le sommeil à Driss pendant de longues nuits, depuis qu’il l’a vue la première fois. Ressortissant marocain en France de son état, il a décidé de se rapprocher d’elle pour lui proposer le mariage. Elle ne lui a pas tourné le dos. Au contraire, elle l’a accueilli chaleureusement, comme si elle l’attendait. Etait-elle amoureuse de lui ? En fait, ce
n’était pas une question d’amour pour elle, mais d’un rêve qui commence à hanter son esprit : le rêve d’aller en Europe et quitter sa famille et la misère de son quartier. Driss peut-il lui permettre de réaliser son rêve ? C’est du moins ce qu’elle s’imaginait. Par contre, ce qui importait pour Driss, c’est de légitimer leur relation qui vient de commencer avant de partir en France et reprendre son travail. 
N’ayant pas de temps à perdre, Driss s’est présenté devant les parents de celle qui a ébranlé son cœur. C’était une occasion à ne pas rater pour la famille de Fatima. Et avant son départ, Driss a pu finaliser l’acte de mariage. Un acte qui ne lui a permis de partager le même lit avec Fatima que quelques jours. Impatiemment, elle attendait son retour bien que le téléphone leur a permis de rester en contact presque chaque jour. Et le rêve d’aller à l’Eldorado hantait toujours son esprit. Seulement, elle ignorait que son mari, Driss, ne pouvait pas l’emmener en France. Et ce, parce qu’il ne disposait que d’un contrat de travail de trois ans. Ni plus ni moins. Il ne lui a jamais fait part de cette réalité et l’a laissée baigner dans ses rêves. Généreux, il lui apportait des cadeaux pendant les vacances.
La dernière fois, quand il lui en a offert un, elle lui a fait comprendre qu’elle n’attendait qu’un seul cadeau : partir avec lui en France. Il a souri en lui disant : «C’est trop tard ma bien-aimée». Ce fut un choc pour elle. Pourquoi trop tard ? «Je ne retourne plus à Paris», lui a-t-il répondu. Et c’est la goutte qui a fait déborder le vase. Fatima n’a plus supporté son mari, elle l’évitait à tout moment, ne lui adressait la parole que rarement.
Quand il s’apprêtait à lui expliquer la situation, elle lui reprochait de l’avoir trahi puisqu’il ne lui a rien dit à propos de son contrat de travail de trois ans. Elle n’hésitait pas à le provoquer pour qu’elle retourne chez ses parents. Les invectives, les injures, les provocations, la violence sont devenues les ingrédients de leurs journées. Au fil des jours, Driss commence à l’accuser d’adultère. Il a même déposé, en ce sens, une plainte contre elle au tribunal de première instance de Khénifra. Il soupçonnait sa conduite en l’accusant d’avoir entretenu une relation intime avec un jeune homme qui séjournait souvent chez ses parents.
Cette plainte semble avoir été classée. Qu’est-ce qui est arrivé ce mardi 20 février à Driss, sa femme et sa belle famille ? Ce qui est certain c’est que Driss a été assassiné. Comment et pourquoi ? Quelques témoins ont assuré que Driss avait surpris sa femme quand elle s’apprêtait à monter dans une voiture avec deux hommes. Quand il s’est approché d’elle pour lui demander des explications, elle est rentrée chez elle en courant. Il l’a suivie. Là, il a été malmené violemment par sa femme, son beau-père, sa belle-mère et sa belle-sœur jusqu’il a ce qu’il a rendu l’âme.
Une thèse que Fatima a rejetée en bloc tout en expliquant qu’elle s’est réfugiée auprès des deux hommes pour leur demander de la protéger de son mari qui la violentait devant le regard des passants. Le beau-père a avoué avoir tué Driss à coups de couteau et de bâton. Pourquoi ? Le père de Fatima a avoué aux enquêteurs que son beau-fils est venu frapper à une heure tardive à la porte. Quand il lui a ouvert, il a constaté qu’il était armé d’un couteau. Il est parvenu à le lui arracher et lui asséner avec des coups mortels. «J’étais en légitime défense», a-t-il soutenu. Fatima, son père et sa mère ont été déférés devant la justice. Quant à la sœur, elle a été transportée à l’hôpital suite à une attaque d’hystérie.

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