Son mari est gravement malade. Il souffre d’une insuffisance rénale chronique et dont le traitement est très cher, dépassant les quinze mille dirhams. Son mari, un journalier qui ne bénéficie pas de la sécurité sociale, n’a pu épargner le moindre sou. Occupant une chambre avec voisins à l’ancienne médina, à Casablanca, elle ne sait plus à quel saint se vouer. Doit-elle se contenter de pleurnicher dans son coin ? Non, elle doit réagir. Un proche lui recommande de participer à une émission de radio, programmée chaque vendredi depuis 22h15 et durant deux heures, qui s’intéresse à apporter aide et soutien aux malades et à tous les nécessiteux, dans une générosité collective. Nous sommes la nuit du vendredi 20 janvier, l’émission commence. L’épouse du patient compose le numéro de téléphone de la radio. La présentatrice lui répond et lui donne la parole. Sur les ondes de la radio, la femme expose la situation de sa famille, relate le calvaire que son mari endure depuis plusieurs semaines et le prix qu’ils doivent payer pour le traitement. Pas moins d’une demi-heure plus tard, un auditeur contacte la radio. Il est prêt à donner un coup de main à cette famille indigente pour sauver le mari. La présentatrice remet le numéro du téléphone du bienfaiteur à l’épouse du patient pour le contacter. Une dizaine de minutes plus tard, le téléphone de cette dernière sonne. «C’est moi le bienfaiteur. Rappelez-moi le numéro de téléphone que la présentatrice vous a donné… Il est erroné. Voilà le bon numéro», lui dit son interlocuteur. Elle le note et attend. Le lendemain passe. Le surlendemain, elle l’appelle sur le nouveau numéro. Malheureusement, c’est un numéro qui n’a jamais existé. Elle compose le premier numéro. Le bienfaiteur répond. «Je suis l’épouse du patient…». Avant qu’elle termine sa phrase, il lui affirme : «J’ai remis un chèque d’une somme de 17 mille dirhams à ton fils». Quel fils? s’interroge-t-elle sur un ton sec. Rapidement, elle porte plainte devant la police de l’arrondissement de Sour Jdid. Une enquête minutieuse a été diligentée. Le jeudi dernier, un jeune homme ayant encaissé le chèque est arrêté. Il s’est avéré qu’il n’était pas la personne qui a contacté la femme mais son ami, J. A. Ce chauffeur de 23 ans a été arrêté en possession de deux chèques signés en blanc qu’il avait subtilisés à ses employeurs et de plusieurs numéros de téléphone appartenant à des nécessiteux qui avaient contacté l’émission.