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Un faux avocat arrêté à Benslimane

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Au tribunal de première instance de Benslimane, Najia, affolée, court à droite et à gauche. Les larmes aux yeux, elle ne sait à quel saint se vouer. Son fils, arrêté la veille par la police, est traduit, ce jour de la dernière semaine d’avril 2006, devant le procureur du Roi. Le maintiendra-t-il en état d’arrestation ou lui accordera-t-il la liberté provisoire ? Elle n’en sait rien. La pauvre femme cherche à avoir des nouvelles de son propre fils.
Tout à coup, elle remarque un jeune homme, très élégant, qui la fixe des yeux. Un sourire orne ses lèvres. Qui est-il ? Est-il un fonctionnaire de tribunal, juge ou avocat ? Peut-il l’aider pour sauver son fils de la prison ? Elle n’en sait rien. Ses regards l’encouragent à s’approcher de lui et à lui demander : «Vous êtes avocat ?».
Avec le même sourire aux lèvres, le jeune homme incline la tête en signe de confirmation. «Calme-toi, madame. Qu’est-ce que tu as ?», lui dit-il sur un ton calme tout en la conduisant vers un lieu loin des justiciables. Najia lui raconte l’histoire de son fils qui clame son innocence. «Je vais voir ce que je peux faire. Il n’y aura, Inchallah, que de bonnes choses», la rassure-t-il. Ces mots ont calmé la pauvre femme qui l’a prié de faire tout ce qui peut blanchir son fils des accusations portées contre lui.
«Mais tu dois me verser maintenant une petite somme d’argent. Pour ce qui est des honoraires, on discutera plus tard quand tu viendras à mon cabinet», lui demande-t-il, en lui remettant une carte visite portant le nom de "Abdelhak Alaoui, avocat au barreau de Benslimane". Najia lui donne alors une somme de mille dirhams. Le jeune homme ouvre de son côté son cartable noir et fait sortir des documents. Il lui demande de l’attendre quelques minutes. Les minutes sont devenues des heures. Elle se lance à la recherche du jeune homme. En vain. Depuis, il n’a plus donné signe de vie.
Est-il vraiment un avocat ? Najia n’en sait rien. Toutefois, elle a commencé à penser qu’elle s’est peut-être fait arnaquer.
Un jour, le jeune homme réapparaît dans les couloirs du tribunal et rentre à la salle réservée aux avocats. Un avocat engage avec lui une conversation judiciaire. Les répliques du jeune homme mettent la puce à l’oreille de l’avocat. Il remarque que le jeune homme est loin d’être un juriste.
Il alerte alors le procureur du Roi. Ce dernier donne ses instructions à la police de Benslimane pour diligenter une enquête. Un jour, alors que le jeune homme au cartable s’apprête à sortir du siège de tribunal, des agents de la police de Benslimane l’arrêtent et le conduisent aux locaux du commissariat. "Es-tu avocat ?", l’interrogent-ils. «Je rêvais de devenir avocat», dit-il aux enquêteurs. Un rêve qu’il n’a pas pu le réaliser. Né en 1981, au sein d’une famille composée d’un père, fellah de son état, et d’une mère, femme au foyer, et de cinq frères et sœurs, il n’a pas pu poursuivre ses études au-delà de la première année de l’enseignement secondaire.
Au fil du temps, il a travaillé dans les chantiers de construction avant de devenir veilleur de nuit à Mohammedia. Seulement, le rêve de porter la robe noire le hantait en permanence. Il a décidé alors d’exercer le métier d’avocat sans diplôme. De beaux costumes, des chaussures bien cirées, un cartable noir et quelques documents et des cartes visites lui suffisaient pour arnaquer ses victimes.
Il a commencé à fréquenter les couloirs et les salles d’audience de tribunal de première instance de Benslimane et à se faire passer pour un avocat. C’est ainsi qu’il a réussi à arnaquer plusieurs victimes. Après avoir tout avoué, il a été traduit devant la justice.

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