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Un parricide horrible à Fès

© D.R

«Mon père s’apprêtait à me jeter à la rue en me traitant de prostituée », déclare Saâdia calmement aux policiers. Elle lançait de temps en temps un petit sourire tout en fixant le cadavre étendu devant elle et gisant dans une mare de sang. Le chef du 9ème arrondissement à Fès qui s’est dépêché avec ses collaborateurs sur le lieu du crime lui a demandé si elle n’éprouve aucun sentiment de regret.
« Non, je ne regrette rien », lâche-t-elle en souriant.
Étrange ! Le chef de l’arrondissement a demandé à ses limiers de garder la jeune Saâdia alors qu’il s’est penché sur le constat d’usage; le cadavre se trouve dans une chambre de la maison, le visage recouvert de sang, quelques blessures au niveau de la tête du défunt, une canne et deux pierres de taille moyenne, maculées de sang se trouvant à sa droite.
« C’est ton père ? », lui demande le chef de l’arrondissement.
Saâdia a hoché sa tête en signe d’affirmation. La police a appelé le fourgon mortuaire pour transporter le cadavre à la morgue et a conduit Saâdia au commissariat de police pour complément d’enquête. Qui est le défunt ? Et pourquoi sa fille l’a-t-elle tué ?
Il s’appelle Al Maâti. Né en 1917, il a passé la majorité de sa vie à la campagne. Seulement, la pauvreté l’a poussé à l’exode. Ainsi, il s’est installé avec sa femme dans l’un des quartiers marginalisés de Fès. Il se débrouillait comme il pouvait pour gagner sa vie. Son foyer s’est égayé par la naissance de deux filles. Toutefois, un nouveau venu dans la famille signifie des dépenses de plus. La vie devenait de plus en plus dure pour ce père de famille, qui déployait tous ses efforts pour subvenir aux besoins de sa femme et ses deux filles. Réussir leur avenir était sa seule préoccupation. À l’instar de tous les pères, il rêvait que ses deux petites mignonnes poursuivent leurs études et fondent leurs propres foyers. Des rêves qui se sont évaporés au fil du temps. Comment ? Une grave fracture au niveau de son pied droit, survenue suite à un accident, l’a obligé de rester jour et nuit chez lui. Il ne pouvait ni travailler ni bouger de son lit. Face à cette nouvelle situation, la mère a été contrainte de chercher un travail.
Elle a réussi à trouver un petit boulot dans un petit restaurant. Sa fille aînée l’a rejointe au même lieu de travail. Seule Saâdia restait à la maison avec son père, Al Maâti pour lequel elle était aux petits soins. Cependant, Al Maâti qui est devenu handicapé moteur n’est plus le père très gentil, qui aimait ses deux filles et prenait soin d’elles. Au contraire, il est devenu très nerveux et très agressif. Il ne cessait de crier pour un rien. Il insultait sa femme et ses deux filles sans la moindre raison. Il les brutalisait de temps en temps avec sa canne. Et c’est Saâdia, qui passait toute la journée en sa compagnie, qui en souffrait le plus.
Lundi 15 mai. Comme de coutume, Al Maâti a pris son déjeuner avec sa fille Saâdia. Après avoir fait sa prière d’Al Âsr, il a fait quelques remarques à Saâdia. «Ce n’est pas ton affaire », a répondu la fille qui ne supporte plus ses remarques et ses reproches. Perdant ses nerfs, Al Maâti a commencé à l’insulter. « Ne m’insulte plus, je te respecte parce que tu es mon père », lui a-t-elle dit sur un ton ferme.
Tout d’un coup, il a saisi sa canne, tentant de la frapper. A ce moment, elle lui a tiré la canne pour le rouer de coups au niveau de sa tête. Al Maâti est tombé par terre en demandant du secours. Les habitants sont intervenus. Mais trop tard. Il agonisait. Informées, la mère et la sœur aînée sont venues en courant. Elles ont expliqué aux enquêteurs que Saâdia souffre d’un retard mental.

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