Une idylle finit dans le sang

Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Abdellah se tient au box des accusés. Il est poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort de sa femme, Jamila. Pourquoi l’a-t-il assassinée ? Quand il était arrivé à son quinzième printemps, il a commencé à découvrir les premiers tourments de l’amour. Une fois qu’il a croisé Jamila, sa voisine du quartier, il a eu le sentiment que son cœur s’arrachait littéralement de sa place. Ses idées étaient perturbées au point qu’il ne pouvait plus se concentrer sur ses études. L’image de Jamila hantait son esprit. Et enfin, il a pris l’initiative de lui adresser la parole. Il lui a avoué son amour qui l’empêchait de dormir. Et c’était le début d’une relation amoureuse débordante et débridée. Au fil du temps, Abdellah a abandonné les études pour gagner sa vie en travaillant dans une usine de confection.  Sa bien aimée ne l’a jamais quitté bien que des moments difficiles planaient de temps en temps sur leur relation. Elle ne pensait qu’à lui jour et nuit, qu’à être sous le même toit en sa compagnie, qu’à avoir des enfants et vivre ensemble pour l’éternité. Dix ans après leur relation amoureuse, ils se sont mariés. Abdellah a occupé une chambre avec sa famille. Jamila ne pouvait lui demander autre chose surtout qu’elle aimait follement son mari. La belle-mère a commencé à s’imposer dans leur relation conjugale, à les déranger par ses directives déraisonnables, à les vexer sans cesse et sans la moindre raison. Un comportement qui avait eu ses effets néfastes sur la relation du couple au point que Jamila semble avoir commencé à regretter de s’être liée à Abdellah. Ce dernier a plongé dans le gouffre de la drogue pour chercher une échappatoire. Sa femme s’est réfugiée chez ses parents. Les membres des deux familles sont intervenus pour les réconcilier. Ils y sont arrivés en convainquant Abdellah de louer une chambre loin de chez sa mère. Et la relation conjugale entre le couple semble avoir repris le bon chemin. Elle a donné, même, cette fois une petite belle fille qu’ils ont prénommée Nadia. Seulement, Abdellah a continué à se droguer au point qu’il est devenu accro au haschich. Sa femme lui reprochait à chaque fois ce penchant qui absorbait une grande partie de son maigre salaire. Abdellah, qui lui demandait chaque fois de ne lui en parler, n’hésitait pas à la maltraiter. Au point qu’elle n’a plus pu supporter sa violence. Elle s’est réfugiée encore une fois au foyer parental. Un jour, deux, puis une semaine et deux. Comme si elle n’avait pas l’intention de retourner chez elle. Durant ce temps, Abdellah a entretenu une relation avec une autre femme. Il l’emmenait de temps en temps chez lui. Sa femme en a eu vent.  Elle a décidé enfin de regagner son foyer conjugal. «Elle a commencé à m’accuser d’adultère, bien que j’ai mis fin à ma relation avec l’autre femme», a-t-il déclaré devant la cour. Jamila n’a pas cru ses paroles. À chaque fois, elle lui demandait s’il a vraiment renoncé à sa relation extra-conjugale. «Je lui ai expliqué que je l’aimais encore, que je ne la tromperai plus», a-t-il précisé à la cour.
Jamila a tenté de le croire. Mais les soupçons la taraudaient encore au point qu’elle a fini par demander le divorce. C’était la goutte qui a fait déborder le vase.
«Je n’ai jamais pensé qu’elle me demanderait le divorce un jour», a-t-il précisé à la cour. Abdellah, irrité, l’a injuriée. Jamila lui a répondu pareil. Il a commencé à perdre le contrôle de ses nerfs et l’a giflée. Jamila a saisi une casserole et l’a frappé au visage. Abdellah a saisi un couteau et lui a asséné deux coups. Jamila a succombé à ses graves blessures.
«Je n’avais pas l’intention de la tuer M. le président», a-t-il expliqué à la cour. Une explication qui ne lui était d’aucun secours. Après les délibérations, il a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Et outre sa mère, la petite Nadia a perdu son père.