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Vrais charlatans faux trésor

© D.R

Abderrahman, un commerçant quinquagénaire à Imintanoute, tenait beaucoup à consacrer la journée du vendredi à la prière et à la lecture du Coran. Au moment du déjeuner, tradition oblige, il se réunit avec sa famille autour de la table pour manger le couscous. Un vendredi, alors qu’il était en train de lire le livre sacré, un homme est venu le voir tôt le matin.
Qui est-il ? Abderrahman a pensé à son ami, Abdeljalil, qui a déménagé depuis longtemps de la région. Il venait de temps en temps lui rendre visite. Plein de joie, il est sorti de sa chambre pour l’accueillir. Cependant, il ne s’agissait pas de lui mais d’une autre personne, un quadragénaire, portant une djellaba et des babouches. « Tu es l’hadj Abderrahman ? », lui a-t-il demandé, le sourire aux lèvres. « Oui, c’est moi Abderrahman. Qui es-tu ? », a-t-il répondu. L’homme à la djellaba blanche s’est présenté comme le fkih Abdellah Soussi. « Je voudrais te parler un petit moment. J’ai des choses intéressantes à te communiquer», ajoute  son interlocuteur.
Abderrahman, ne voulant pas le faire entrer dans sa demeure, a conduit son hôte à sa petite boutique, qui se trouve à quelques mètres de sa maison.
Il prit deux tabourets et l’invite à s’asseoir. Prenant la parole, le fkih Soussi a expliqué à Abderrahman qu’il dispose d’une écriture et un dessin que lui a livrés un autre fkih installé à Tiznit. Cette écriture et ce dessin indiquent l’emplacement d’un trésor de plus de cent kilos d’or et plus de deux cents perles. Il lui affirme qu’ils sont enterrés dans sa chambre et gardés depuis plus de mille ans par un diable.
« Nous devons exhumer ce trésor et le partager à parts égales, moi, toi et le fkih de Tiznit qui va me rejoindre demain», lui a-t-il dit.
Prenant ses paroles pour argent comptant, Abderrahman l’a invité à déjeuner après la prière du vendredi. Après quoi, Abdellah Soussi est parti. Il n’est retourné que le lendemain, samedi, en compagnie du second fkih. Il s’agit d’Abdeslam, quarante-trois ans et père de famille demeurant à Tiznit. Sans rien confier à sa famille, Abderrahman a emmené les deux fkihs chez lui et les a conduits à sa chambre pour commencer les rites de charlatanisme. Un quart d’heure plus tard, les deux charlatans lui ont expliqué qu’ils doivent faire venir un petit enfant «Zouhri». Ils lui ont affirmé également que le diable qui garde le trésor leur a demandé quelques produits. Ces derniers se vendent à 20 mille dirhams. Abderrahman leur a versé la somme d’argent indiquée. Ils ont convenu un rendez-vous pour mardi. Deux jours plus tard, les deux charlatans, accompagnés d’un enfant de cinq ans, sont venus voir Abderrahman à son petit commerce. Il ferme alors la boutique et les conduit ensuite à la maison.
Ils lui ont conseillé de rester en dehors de la chambre. « Le djinn ne doit pas te voir lorsqu’il boira le sang de l’enfant», lui dit l’un des deux charlatans. Croyant qu’ils vont tuer l’enfant, Abderrahman leur a demandé de ne pas lui faire de mal. « Non, nous ne le tuerons pas. Nous allons juste sucer quelques gouttes de sang de son doigt de la main droite», ont-ils déclaré sur un ton rassurant. Abderrahman a entendu des psalmodies et la lecture de quelques versets du Coran. Il a même entendu des cris stridents de l’enfant. Les minutes passaient sans que les chasseurs du trésor apparaissent. Abderrahman les attendra impatiemment durant deux heures. «Le diable nous a demandé des encens que nous devons emmener de l’Inde. Il nous faut 100 mille dirhams de plus», lui a dit le fkih Abdeslam. Abderrahman leur a versé la somme le lendemain.
Les deux fkihs lui ont promis de revenir deux semaines plus tard, le temps que l’encens arrive de l’Inde. Seulement, ils n’ont plus donné signe de vie. Abderrahman a fini par aviser ses enfants qui l’ont encouragé à porter plainte auprès de la gendarmerie royale.
Un mois plus tard, les deux escrocs ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à arnaquer une autre victime. Et qu’en est-il de l’enfant ? Ils l’“empruntaient“ de chez une femme contre une somme de trois cents dirhams pour chaque opération réussie.

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