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Abdelali Domou : «Les deniers publics alloués aux régions ne doivent plus être gérés de manière centralisée»

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ALM : Après le travail de la Commission consultative de la régionalisation, comment s’articule aujourd’hui le débat pour la mise en œuvre de ce chantier?
Abdelali Domou : Dans le cadre de ce chantier de la régionalisation, on a trop focalisé le débat sur la réforme de la région, le rôle du président surtout en tant qu’ordonnateur et  le rôle d’exécution des programmes d’investissement par les régions. Or, cette réforme de la région telle qu’elle a été proposée par la Commission consultative de la régionalisation ne porterait que sur près de 5% des moyens financiers publics alloués par l’Etat. C’est-à-dire qu’avec la réforme de la région , au meilleur des cas, le budget des régions passerait de 1% actuellement à 5% des moyens publics alloués par l’Etat aux collectivités territoriales. Ajoutons à cela les 12% des moyens alloués aux communes rurales et les mairies, les collectivités locales dans leur totalité ne recevront que près de 20% des moyens publics alloués par l’Etat. Ainsi, on a passé sous silence le fait que 80% des deniers publics demeureront aux mains de l’Etat gérés par l’administration publique. Le problème essentiel c’est que les moyens financiers qui vont rester entre les mains de l’Etat et l’administration seront toujours gérés de manière centralisée et non déconcentrée.

Quel est le rôle de la charte de la déconcentration par rapport à la gestion financière des régions?
La charte de la déconcentration doit fixer les règles des transferts des pouvoirs et moyens qui existent aux mains des ministres et qui sont centralisés, mal gérés et accusent des retards dans le déblocage de crédit, souffrent également de problèmes de programmation, de suivi et d’exécution. C’est justement cette lenteur qui porte préjudice à l’investissement au pays.

Comment la régionalisation peut-elle remédier à cette lenteur qui porte préjudice à l’investissement au pays?
Aujourd’hui ce sont l’incapacité de l’Etat à dépenser les budgets, l’incapacité de l’administration centrale à mieux programmer ses investissements publics dans le territoire, l’incapacité de l’administration à avoir l’ingénierie nécessaire pour assurer le suivi de ces investissements, l’incapacité de l’Etat à faire les arbitrages nécessaire au niveau local entre les différentes administrations dans des situations de conflits qui portent préjudice à l’investissement au pays. C’est pourquoi on parle d’une charte qui va fixer les règles de transfert des pouvoirs et des moyens de l’administration centrale à l’administration régionale.

Comment doivent s’articuler les pouvoirs des institutions élues dans la région ?
Il faut aussi réfléchir autour de la relation entre ces entités déconcertées et les conseils élus. La question qui se pose aujourd’hui: Est-ce que les programmes établis et les politiques publiques pour les régions seront élaborés dans un cadre de délibérations qui prend en considération le choix des populations, ou aura-t-on droit à des programmes venus du haut de l’Etat et réalisés en coordination avec des gouverneurs et walis ? Donc il faudra une conviction réelle de l’administration pour se déconcentrer, ainsi qu’une coordination entre les entités déconcentrées et les élus dans un cadre de délibération qui permet de respecter le nouveau principe de la Constitution de soumettre la responsabilité à la fonction politique de la population.

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