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Abdelaziz Laâfora ou la descente aux enfers

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Abdelaziz Laâfora est aujourd’hui sous les verrous sur ordre du procureur de la Cour Spéciale de Justice. C’est probablement le premier gouverneur dans l’histoire du Maroc à être poursuivi en Justice. Qui aurait pensé, il y a cinq ou six ans, que cet homme, puissant, qui osait prendre de graves décisions sans sourciller, serait un jour tenu de répondre de ses agissements devant un tribunal marocain? Probablement personne. Mais comme dit l’expression: « la roue tourne! ».
Tout le monde s’accorde à dire qu’Abdelaziz Laâfora est un enfant du peuple. D’ailleurs, lui-même ne cessait de le répéter à ses interlocuteurs. Et pour cause, Laâfora a grandi dans l’orphelinat de Aïn Chok à Casablanca. Mais sa famille est originaire de Rass El Aïn près de Kalaât Sraghna.
C’est dans la faculté de droit de Casablanca qu’il fait ses premières classes de renseignement.
L’homme est brillant dans les études et extrêmement intelligent. Il est rapidement détecté par les têtes chercheuses de l’ancien ministre de l’Intérieur, Driss Basri. Laâfora réussit à s’installer confortablement dans cet univers où l’abnégation rime avec réactivité. Il se fraye, sans grandes difficultés, un chemin vers la gloire sécuritaire de l’époque Basri.
Alors qu’il était un simple inspecteur de la CNSS, Abdelaziz Laâfora se trouve parachuté chef du service des élections au ministère de l’Intérieur. Puis chef du département de l’urbanisme, qui dépendait lui-aussi du ministère de l’Intérieur.
Dans l’urbanisme, il réussit à tisser un grand réseau de connaissance, essentiellement avec les plus grands promoteurs immobiliers du Maroc. Toutes les autorisations pour le lancement d’un lotissement passaient par lui. Laâfora était l’homme qu’il fallait connaître à Rabat.
Après quelques bras de fer administratifs entre Abdelaziz Laâfora et M’hamed Drief, l’actuel wali de Casablanca, (tous les deux étaient chargés de l’urbanisme) le puissant Driss Basri jugea que Laâfora, déjà-gouverneur, devait désormais voler de ses propres ailes et quitter l’administration centrale. Premier poste: gouverneur de Benslimane. Une ville chère à Basri.
Par la suite, il passe à la tête de la préfecture de Mohammédia, pendant un peu plus d’un an. Les habitants de la ville estiment que Laâfora a laissé une bonne impression par son bref passage.
Mais c’est à Casablanca que Laâfora exhiba ces véritables biceps. Dans la capitale économique du pays, il commença en tant que gouverneur de Hay Hassani, puis gouverneur de Aïn Sebaâ.
L’une des empreintes les plus indélébiles de Laâfora à Casablanca fut certainement la campagne d’assainissement de 1995. C’est lui, en personne, qu’il la diligenta. A l’époque, le wali du Grand Casablanca, Hammouda El Caïd, s’esquiva pour « des raisons de santé », laissant libre-court au zèle de Laâfora, véritable lance fer de la politique de Basri à Casablanca. Citons notamment le pharmacien Benabderrazik, ainsi que d’autres hommes d’affaires, notamment Benchekroun (importateur de décodeurs Canal-horizon) et Lahlou (commerçant de lustres à Derb Omar).
A cette époque, c’est Laâfora qui dirigeait les travaux de la fameuse commission contre le trafic de drogue, l’UCLAD.
Les cibles de la campagne d’assainissement furent nombreuses.
Aujourd’hui, elles se sont constituées en association et comptent poursuivre en justice Laâfora, Abderrahmane Amalou, ministre de la Justice de l’époque, le procureur Riahi, actuellement membre de la Cour suprême, et Driss Basri, véritable chef d’orchestre de la campagne d’assainissement.
Abdelaziz Laâfora, malgré ses origines modestes, est actuellement détenteur d’une importante fortune. Selon des observateurs casablancais, il ne posséderait pas moins de trois villas à Casablanca, une ferme à Bouskoura et une autre à Marrakech. Par ailleurs, les enfants de Laâfora auraient la nationalité américaine.

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