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Abdellah Baha : «Tous les partis ont glissé vers le centre»

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ALM: Le PJD est-il un parti de droite ou de gauche ?
Abdellah Baha : Tout d’abord, il est aberrant de dire que le PJD est un parti de droite. Certains diraient que le PJD est un parti de gauche à partir du moment où il défend la justice sociale, d’autres par contre le considèrent comme un parti de droite puisqu’il défend l’initiative individuelle. En réalité, le PJD est beaucoup plus un parti de centre si on prend en considération le référentiel des Marocains. Ensuite, il faut préciser que les concepts de partis de droite ou de gauche sont des concepts puisés de la culture politique occidentale. Pour le PJD, cette distinction n’existe pas. Le concept de gauche est né avec la création des Parlements et l’émergence de l’opposition en tant que composante de la scène politique. En fait, au sein de ces Parlements, les partis de la majorité occupaient la partie droite de l’hémicycle et les partis de l’opposition occupaient la partie gauche. D’où l’appellation gauche et droite. Et c’est ainsi que cette distinction a acquis un contenu idéologique. La question qu’on doit se poser est celle de savoir si cette distinction s’applique au Maroc? Je pense qu’au lieu de parler de gauche et de droite, il faut parler de projets politiques et de société.

Peut-on voir un jour un vrai pôle de droite au Maroc?
Le rapprochement entre les partis politiques doit avoir lieu sur la base des programmes et non sur la base de la distinction gauche-droite. Cette distinction n’a plus lieu d’exister. Au moment où il y avait le clivage socialisme et capitalisme, cette distinction avait une grande charge idéologique ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, les partis de gauche et de droite ont glissé vers le centre. C’est ainsi qu’on a assisté à l’émergence du concept du socialisme démocratique ainsi que le concept du libéralisme social. Il n’existe plus de différence. Le concept de droite est dépassé. L’ex-Premier ministre britannique Tony Blair faisait partie de la droite alors qu’il a appliqué une politique de gauche. Je dis que le rapprochement entre les partis doit avoir lieu sur la base des programmes. Les partis qui voient leurs programmes similaires auront plus de chance d’être alliés. L’on est en droit de se poser une question très simple: Comment peut-on qualifier le gouvernement Abbas El Fassi? Est -ce un gouvernement de droite ou de gauche. Difficile de répondre à cette question. Mais ceci n’est pas un reproche pour ce gouvernement, car même les pays de l’Amérique du Sud, qui puisent les fondements de leur politique de la culture socialiste, ont commencé à appliquer l’économie du marché.

Le PAM a annoncé, au lendemain de sa naissance, son ambition de mettre en place un grand pôle libéral. Qu’en dites-vous?
Cela n’a pas de sens. Il faut qu’il y ait cohésion entre les ambitions du parti et sa pratique réelle. Ce parti appelle d’une part à la mise en place de la justice sociale et du libéralisme politique, mais d’autre part, il applique des méthodes non démocratiques dans sa relation avec ses partenaires, notamment l’exploitation de l’autorité pour intimider ses partenaires. Je dis toujours que Fouad Ali El Himma allait donner un grand service au paysage politique marocain s’il avait travaillé sur deux points essentiels. Tout d’abord, en injectant du sang neuf dans la politique au lieu de se limiter à la récupération des cadres d’autres partis. Ensuite, puisque M. El Himma appelle à la promotion d’une société démocratique moderne, il aurait dû fonder un parti démocratique et moderne. C’est une occasion ratée par Fouad Ali El Himma.

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