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Abderrahim Manar Sellimi : «La confiance des citoyens en leurs institutions risque d être remise en cause»

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ALM : Comment faut-il comprendre le bras de fer actuel entre le chef de gouvernement et le parti de l’Istiqlal?

Abderrahim Manar Sellimi : Sur un plan purement constitutionnel, nous avons un chef de gouvernement qui déclare publiquement dans une séance mensuelle de questionnement sur la politique générale devant la Chambre des représentants détenir des informations sur des personnes disposant de biens et de comptes à l’étranger. Cela suppose que le chef de gouvernement qui est le représentant du pouvoir exécutif doit transférer les données en sa possession à la justice. Mais le vrai problème c’est que, à certains moments, le chef de gouvernement donne l’impression de parler en tant que leader politique d’un parti au point que l’on ne sait plus quelle institution M. Benkirane est en train de représenter devant les parlementaires. C’est ce qu’on pourrait appeler les zones grises dans le discours du chef de gouvernement.

Quel peut être l’impact de cette affaire à la fois sur le gouvernement et le Parlement mais également sur le PJD et l’Istiqlal ?

Il semble que cette affaire s’inscrit toujours dans la continuité de la tension qui a suivi la sortie du parti de l’Istiqlal de la majorité gouvernementale. je pense que Abdelilah Benkirane en tant que secrétaire général du PJD tente désormais de remettre en cause la légitimité historique de l’Istiqlal en profitant de la guerre intestine au sein de ce parti. Cependant, les responsables des deux partis semblent oublier que ce bras de fer peut influer considérablement sur l’image des institutions législative et exécutive auprès des citoyens. Ceci est d’autant plus vrai que l’opinion publique avait déjà suivi l’affaire des primes et qu’elle se retrouve devant une deuxième affaire pratiquement de la même nature. Plus loin, ce genre de dossiers qui éclatent puis disparaissent peut faire perdre aux citoyens la confiance en leurs institutions et lois.

Que pensez-vous de la réaction du parti de l’Istiqlal vis-à-vis des déclarations du chef de gouvernement ?

Je pense que l’Istiqlal a commis une faute en saisissant directement la justice. Le parti aurait dû commencer par la formation d’une commission d’enquête pour jeter toute la lumière sur cette affaire. Lorsque cette commission aura terminé son boulot, toutes les parties concernées se seraient retrouvées devant deux options. Soit le chef de gouvernement dit vrai et la justice doit dire son mot. Soit ses révélations sont infondées et il doit alors tirer les conclusions qui s’imposent devant lui. Ceux d’autres cieux, le chef de gouvernement ou n’importe quel autre ministre se serait retrouvé dans l’obligation de démissionner de ses fonctions.

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