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Abdessamad Sadouk : «Le gouvernement n a toujours pas mis en place une politique anti-corruption»

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ALM : Est-ce que le nombre des réclamations reçues par le Cajac reflète vraiment l’ampleur du phénomène de la corruption au Maroc ?  
Abdessamad Sadouk : A mon avis, les chiffres des réclamations reçues par les Centres d’assistance juridique anti-corruption ne reflètent pas vraiment l’ampleur du phénomène de la corruption au Maroc. Le même constat est valable pour les plaintes traitées par l’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) qui ne sont guère plus conséquentes. Si les Marocains ne sont pas nombreux à dénoncer la corruption, c’est qu’ils ont peur des représailles. Même s’il existe une loi de protection des témoins, celle-ci ne garantit qu’une protection limitée au niveau civique et ne préserve pas les intérêts économiques, un salarié risque toujours sa carrière pour avoir témoigné. Et puis, «à quoi bon», se disent la plupart des gens. Il faut dans ce sens revoir ce cadre juridique.

Que pensez-vous de l’actuel gouvernement concernant le volet de la lutte contre la corruption ?
Le gouvernement n’a toujours pas mis en place une politique anti-corruption qui pourrait se traduire sur le plan stratégique ou au niveau de mesures concrètes. Et encore, cela tarde à venir. On constate également un manque de réactivité de la part des administrations contactées par exemple par le Cajac. Leur réaction reste en deçà des attentes et de l’ampleur du phénomène de la corruption.     

Quels sont les types de corruption les plus fréquents ?
Il y a la psychologie classique de la corruption-échange contractuel. Le corrupteur et le corrompu sont complices, ils détournent la loi, ils s’accordent pour que l’un attribue à l’autre certains avantages. Par exemple, un chef d’entreprise s’arrange avec le responsable d’une administration pour frauder ou violer explicitement les règles de passation d’un marché public. Il y a aussi la corruption de type extorsion. C’est à mon sens la plus fréquente. Il s’agit pour un agent quelconque de détourner un pouvoir donné par une administration. Cela peut aller du gardien de l’hôpital qui profite de l’urgence et de la vulnérabilité de malades, à de plus hauts niveaux au sein de l’entreprise ou de l’Etat. Et malheureusement, cela se rencontre au quotidien.  

Vous avez eu dès le début de la création de l’ICPC de réserves par rapport à la capacité de cette instance à lutter contre la corruption. Qu’en est-il aujourd’hui?
La Constitution a répondu à nos réserves et à l’instance en élargissant ses prérogatives, notamment en ce qui concerne son pouvoir d’action et d’investigation. Aussi, nous sommes très attentifs par rapport au projet de loi n°12 .113 publié récemment et relatif à l’Instance nationale de probité de la prévention et de la lutte contre la corruption. Nous sommes en train de l’étudier pour donner notre position.

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