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Abdou Menebhi : «L’État marocain est tenu de veiller au respect de la dignité de ses ressortissants»

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ALM : Quelle est votre réaction par rapport au fait que la naturalisation des étrangers en France soit conditionnée par le renoncement à leur nationalité d’origine ?
Abdou Menebhi : Le fait d’être obligé de renoncer à sa nationalité d’origine pour acquérir la nationalité française est une mesure politicienne inapplicable juridiquement, anticonstitutionnelle, contraire aux lois européennes et au droit international. Il s’agit de renchérissements électoralistes comme ceux qu’on voit émerger dans toute l’Europe chez les partis radicaux de droite, notamment en Espagne, en Hollande, en Italie, en plus de la France entre autres. Ces mesures sont absurdes. La reine de Hollande elle-même ou encore celle de l’Angleterre ont plusieurs nationalités. Le projet de la charte des droits et devoirs du citoyen que le ministre français de l’intérieur, Claude Guéant, compte adopter s’inscrit dans le cadre de la campagne électorale menée par la droite, notamment l’UMP, pour attirer l’électorat de l’extrême droite et tous les citoyens xénophobes et hostiles à la diversité. C’est pour l’UMP une manière de se démarquer par son programme du parti socialiste qui, lui, propose d’octroyer aux étrangers le droit de vote.

Que pensez-vous des autres dispositions de cette charte ?
Selon cette charte, la naturalisation des étrangers en France est conditionnée par la connaissance de la langue et de la culture françaises, le passage d’examens éprouvants, des serments, entre autres, comme celui de concourir à la défense et à la cohésion de la nation. Ce sont principalement des mesures symboliques mais surtout rédhibitoires. Elles peuvent plus au moins, être sujettes au débat. Mais ce n’est pas le cas pour des dispositions comme celle de renoncer à sa nationalité d’origine pour s’accepter, ou se voir exclu du territoire français et déchu de sa nationalité française pour avoir commis un crime parce qu’on a des origines étrangères. Ce sont là pour les politiques des moyens d’accompagner le climat de tension, de xénophobie et de racisme qui règne en Europe. Et ce à défaut d’être capables de proposer des programmes sociaux et économiques probants et efficaces contre la crise financière et pour la relance.

Comment faudrait-il réagir face à ce projet de charte ?
L’Etat marocain est tenu de veiller au respect de la dignité de ses ressortissants, prévaloir leurs droits et réagir face à ce genre d’attitude de ces pays européens  considérés comme partenaires et pays amis. Il doit tirer la sonnette d’alarme afin que soit respecté le droit international. Malheureusement peu d’efforts sont fournis dans ce sens, alors que l’article 16 de la Constitution stipule expressément que : «Le Royaume du Maroc œuvre à la protection des droits et des intérêts légitimes des citoyennes et des citoyens marocains résidant à l’étranger, dans le respect du droit international et des lois en vigueur dans les pays d’accueil. Il s’attache au maintien et au développement de leurs liens humains, notamment culturels, avec le Royaume et à la préservation de leur identité nationale».

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