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Agenda Jettou : Les grands travaux

Avec l’élection du candidat de l’USFP à la présidence du Parlement, l’herbe est coupée sous les pieds des spéculateurs et véhiculeurs de rumeurs et de recettes, fruits de l’imaginaire. Pourtant, tout ramène au discours de S.M. le Roi à l’ouverture de l’actuelle législature. L’élection d’Abdelouahad Radi, à une très large majorité, s’inscrit dans ce cadre. La majorité gouvernementale est, là, très confortable. Elle est constituée de l’ensemble des formations politiques ayant soutenu le nouveau président du Parlement, desquelles découlera le nouvel Exécutif. Le PJD, l’UC, le PND et les minuscules nouveaux partis semblent relégués à l’opposition. Deux cas de figure se présentent. D’abord, un gouvernement d’union nationale formé des sept partis qui ont manifesté leur désir de figurer dans l’équipe de Jettou. Il s’agit de l’USFP, du PI, du RNI, de la mouvance populaire (MP-MNP),de l’Alliance socialiste (PPS-PSD-Al Ahd) et du FFD. Ce gouvernement aurait l’avantage arithmétique et donc une stabilité qui sera assurée par le recours à des majorités automatiques, au cas par cas. M. Jettou, en homme habile, pourra faire prévaloir les choix de l’Etat moderne en matière de réformes, en rassemblant, pour chaque cas d’espèce, une majorité au sein de la majorité gouvernementale et parlementaire. De sorte que plus aucun parti, à lui seul, ne pourrait faire prévaloir sa propre vision sur tel ou tel chantier. L’autre cas de figure consisterait à ne reprendre que les partis «sortants». Ce qui priverait l’Exécutif d’une majorité acquise à tout bout de champ et sur tous les dossiers prioritaires. Cette hypothèse limiterait la marge de manoeuvre en interne du Premier ministre qui pourrait devenir «prisonnier» d’un «clan» politique ou d’un autre.
A ce sujet, le discours-cadre de S.M. le Roi est explicite.
«La loi de la majorité démocratique doit prévaloir, car en tenant trop au consensus, on finit par le vider de sa substance et lui ôter sa raison d’être, l’invoquant comme prétexte pour se dérober au devoir de prendre une décision», avait dit en substance le Souverain.
C’est ce qui pourrait faire prévaloir l’option d’un gouvernement large, au sein duquel M. Jettou pourrait faire preuve de tout son art de démêler les fils de l’intérêt national sur les appétits partisans ou corporatistes. Une telle configuration lui facilitera la tâche. Il pourra aller directement aux buts fixés, sans détour ni démagogie. Car de grands défis attendent toujours le pays et le temps presse. Le programme-cadre, dont les axes prioritaires ont été tracés par le Souverain, est le condensé du programme du gouvernement.
Quatre urgences ont été fixées. L’emploi productif, le développement économique, l’enseignement utile et le logement décent. Les quatre priorités nationales sont toutes tributaires de l’investissement. Sans ce dernier, il est illusoire de tenir des propos sur l’emploi ou le développement économique. Les bouchées doubles doivent être mises sur ce fait par qui tout peut se réaliser.
«… Oui, l’investissement, toujours l’investissement. Je continuerai à oeuvrer avec détermination pour en démanteler les entraves, jusqu’à ce que le Maroc devienne, avec l’aide de Dieu, un grand chantier de production, générateur de richesse», avait affirmé le Souverain. Les instruments de cette mise à niveau de l’action gouvernementale devront être adoptés, sans retard.
Le cadre de l’action gouvernementale et le cahier des charges que les futurs ministres devront honorer sont précis. Le nouveau gouvernement aura beaucoup de pain sur la planche et des efforts exceptionnels seront indispensables. M.Jettou, en meneur d’hommes, aura la lourde charge du suivi. Car il ne suffit plus d’initier des actions ponctuelles, mais de penser en profondeur des actions qui s’inscrivent dans la durée.
Nos ministres sont appelés à se dépenser et à s’outrepasser afin de mener à bien les réformes. Les objectifs étant fixés, les moyens doivent suivre. Ils sont de trois ordres. D’abord les réformes des textes. Elles concernent divers domaines. Elles touchent aux domaines administratif, judiciaire, fiscale et financier. Sans oublier, le développement rural et la mise à niveau des entreprises.
En ce qui concerne le volet investissement, le guichet unique, les 15 centres régionaux et la nomination de walis rompus à la proximité économique constituent déjà un progrès. Des résultats tangibles sont enregistrés, même si les délais de délivrement des certificats négatifs accusent un léger retard (5 au lieu de 2 jours). Mais c’est du côté des marchés financiers que les choses traînent. Les textes prennent du retard, au détriment des opportunités d’investissement qui se présentent.
Mais l’investissement et le développement économique ne peuvent être acquis et confortés que par une main-d’oeuvre qualifiée et spécialisée. Tant au niveau des «chevilles ouvrières» qu’au niveau des cadres dirigeants. Ce qui remet sur le tapis la réforme du système d’éducation et de formation et l’objectif d’éradication de l’analphabétisme.
L’autre grand domaine où le gouvernement Jettou sera attendu n’est autre que l’épine du logement. Une action en profondeur est indispensable pour faire de l’habitat décent un droit de tout Marocain. Les bidonvilles, cette «honte» qui continue à ternir l’image du Maroc moderne, devront, en un espace de temps assez court, faire partie du passé. Un calendrier réaliste et détaillé, basé sur un recensement rigoureux, devra être présenté à la nation.
Là encore, il ne s’agira pas seulement de faire preuve de propositions, mais surtout de faire preuve d’innovation, en matière de sources de financement de ces gigantesques chantiers. Le gouvernement Jettou ne pourra pas avoir droit au repos, tant qu’il n’est pas assuré de la bonne marche de ses réalisations. Un cahier de charge vraiment ambitieux, mais pas irréalisable. Il suffit que la volonté de travail soit acquise. Les Marocains, toutes tendances confondues, ne pourront que s’en réjouir.

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