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Ahmed Bouz : «Avec le rajeunissement, l’image du Parlement ne sera plus la même»

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ALM : Le rajeunissement que connaissent les partis à la veille des élections permettra-il de les crédibiliser?
Ahmed Bouz : Le rajeunissement n’est pas la seule problématique des partis. C’est un facteur interagissant parmi d’autres. Ces facteurs, permettant aux partis de retrouver une certaine crédibilité chez la population, sont liés aux mécanismes de fonctionnement des formations politiques et d’amélioration de leur rendement. On cite parmi eux la démocratie interne, la création d’idées nouvelles, de programmes et de contrats nouveaux avec les électeurs et qui permettent de refléter à quel point ces partis sont sur le terrain en adéquation avec leurs références. Ainsi le rajeunissement ne constitue pas une fin en soi et pose un certain nombre de questions. Est-ce qu’il est l’expression d’une véritable volonté, d’un débat au sein des partis, d’une maturité politique? Force est de constater que si les lois électorales n’imposaient pas ce rajeunissement, il n’aurait jamais eu lieu ou aurait été fait à des proportions négligeables. Des lois qui elles-mêmes sont imposées par le contexte voulant accompagner des soulèvements que connaît le monde arabe initiés principalement par les jeunes.

De quel rajeunissement parlons-nous ?
Malgré, plus ou moins, l’importance du taux de jeunes représentés dans la liste nationale, celle-ci s’est parfois déviée de son véritable objectif, pour devenir une sorte de rente politique régie par la logique d’appartenance à des familles et à des réseaux d’influence et de relations. A quel point ont été choisis de jeunes militants qualifiés qui ont de la présence et qui sont choisis selon des critères définis ? Ce ne sont pas tous les partis qui ont réussi à respecter ces critères. Puis il y a aussi la liste nationale, avec ses 60 sièges pour les femmes et 30 pour les jeunes, qui est elle-même source de débat. Sommes-nous obligés d’imposer des quotas chaque fois qu’il faut intégrer une catégorie à la vie politique, au risque que le quota devienne la règle et non l’exception?! 

Quel est l’impact du rajeunissement sur le paysage politique ?
Le rajeunissement peut avoir un effet sur l’image du Parlement laquelle ne sera plus la même d’avant le 20 février. Mais il n’y a pas assez de garanties quant à son effet sur le changement de l’essence du Parlement, son indépendance, son rendement législatif. C’est dans ce cadre qu’il faut une remise à niveau globale. Et puis il y a aussi d’autres catégories qui accaparent la part du lion au Parlement, notamment les hommes d’affaires, sans parler des profils de gens non qualifiés qui ont pourtant pour mission de légiférer.  

Pourquoi le rajeunissement ne se fait-il pas de manière naturelle en politique ?
C’est une problématique culturelle au Maroc et dans le monde arabe en général. Il y est établi que les jeunes doivent passer plusieurs étapes avant d’atteindre le stade de maturité. Mais on commence à voir ces dernières années des ministres ne dépassant pas la quarantaine. Cela va de pair avec le fait que nous avons un Roi jeune. Par ailleurs, on peut aussi pointer du doigt le mode de scrutin par liste qui ne répond plus aux ambitions de l’élite. D’ailleurs, c’est dans cette optique que le nombre de sièges au Parlement a été élargi de 300 à 390 sièges. C’était le seul moyen de pouvoir, en même temps, satisfaire cette élite d’abonnés au Parlement et permettre l’accès à de nouvelles figures. On cite aussi le fait que les partis ne font pas confiance aux jeunes dans la bataille électorale face aux notables qui y ont souvent leur fief. Et puis les jeunes ont aussi une part de responsabilité par leur manque de participation, le manque d’audace, d’esprit d’initiative, et d’ambition. Mais les révoltes arabes ont permis de montrer la capacité des jeunes à militer et être sur le devant de la scène.

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