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Ahmed Lahlimi : «Les critères du PNUD ne montrent pas notre niveau réel de développement»

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ALM : Pourquoi critiquez-vous le monde de calcul du l’IDH du PNUD ?
Ahmed Lahlimi : Il faut savoir qu’il n’y a pas entre nous et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) un malentendu particulier ou un conflit quelconque. Nous avons un partenariat très fructueux depuis plusieurs années. Entre le PNUD et le HCP, il y a un grand projet d’études de prospective et de travaux sur les planifications stratégiques. En ce qui concerne l’Indice du développement humain (IDH), on trouve que les critères utilisés pour évaluer le développement humain ne sont pas très opportuns et n’expriment pas vraiment le  niveau réel du développement du pays. Et avec le PNUD, nous sommes d’accords sur ce point-là.

Pourquoi contestez-vous maintenant ces critères ?
Désormais, les critères utilisés par le PNUD pour l’élaboration de son rapport annuel sur le développement humain  dans le monde sont limités.  En effet, l’Indice du développement humain fait la synthèse de trois données. Il s’agit de l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’instruction mesuré par la durée moyenne de scolarisation et le taux d’alphabétisation ainsi que le PIB par habitant. Ces trois critères sont limitatifs pour mesurer le développement humain. Aujourd’hui, il y a d’autres critères qu’il faut prendre en considération comme les conditions de vie des citoyens, l’accès à l’eau potable, le taux d’électrification, l’égalité des sexes…Par définition, les trois critères utilisés par le PNUD évoluent très lentement. Et par conséquent, ils ne permettent pas de donner une idée sur le niveau des efforts réels du pays pour résorber ses déficits.

Pourquoi ces critères ne donnent-ils pas une idée réelle de l’IDH ?
D’abord, dans ce rapport, on classe des pays avec d’autres pays qui ont déjà un passif en la matière. Un classement qui ne reflète pas ainsi les efforts réels entrepris par les uns et les autres. Avec le PNUD, nous lançons un débat sur ces critères-là et sur leur actualisation. Probablement, cette organisation onusienne prendra en considération ces nouveaux critères à travers la mise en place d’un nouvel indice de développement humain en 2010. Vous savez, le PIB par habitant ne donne pas une idée réelle sur sa répartition. Un pays peut avoir un bon PIB, mais avec une grande inégalité dans sa répartition. Pour les pays bénéficiant de rentes pétrolières, il suffit d’une petite augmentation du prix du baril de pétrole pour que le PIB  affiche une hausse, et partant des points en plus dans le classement de l’IDH. Mais, ces points en plus ne sont pas le fruit d’efforts réalisés par le pays.

Et qu’en est-il du Maroc ?
Le dernier rapport du PNUD classe le Maroc à la 126ème place sur 177 pays. Et pourtant, Alison Kennedy, chef des statistiques au bureau du rapport mondial sur le développement humain au PNUD, qui a effectué une mission au Maroc les 4 et 5 août, a souligné que le Maroc figure parmi les 15 premiers pays du monde en termes de rythme et de dynamique de progression de l’Indice du développement humain (IDH). Nous voulons donc rectifier cet aspect statique et partiel de l’approche du PNUD.  

Mais, le PNUD collecte ces données auprès d’autres organisations ?
Effectivement, le PNUD  rassemble les données dont il a besoin directement auprès des institutions internationales telles que la division de la population des Nations Unies, l’UNESCO, la Banque mondiale, qui, à leur tour, collectent ces données-là auprès du HCP. Ce sont donc les Etats qui fournissent ces informations. Mais, il y a des pays qui ne donnent pas de statistiques sérieuses. Nous payons donc le coût de notre transparence. 
Avec le PNUD, nous lançons ainsi un débat sur l’actualisation des données parce que nous avons un partenariat qui nous lie.  Par ailleurs, les données actualisées ne peuvent être prises en considération dans le prochain rapport étant donné que celui-ci est déjà achevé. Sa sortie est prévue en octobre prochain.

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