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Ameskane : « il ne faut pas gonfler la baudruche »

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ALM : Pourquoi n’avez-vous pas réagi officiellement aux résultats de l’Institut républicain international créditant votre parti de 7 % des suffrages ?
Saïd Ameskane : Je sais que la société marocaine, jusqu’à maintenant, ne réunit pas les conditions, ni les critères nécessaires pour faire un sondage quelconque. Cette pratique n’est pas encore ancrée dans nos mœurs politiques comme elle l’est dans plusieurs autres sociétés à tradition démocratique. Toutefois, ce qui est vrai dans ce sondage, c’est que les électeurs marocains votent d’abord pour le candidat et non pour la couleur politique qu’il porte. Là aussi, il y a une contradiction flagrante dans le sondage de l’Institut républicain international parce que, si on vote pour l’individu, on ne peut, objectivement, créditer le parti politique d’un pourcentage. On n’a donc pas donné d’importance à ce sondage vu qu’il n’a pas été fait sur des bases solides. On peut dire la même chose quant à l’échantillon retenu qui n’est, à mon avis, nullement représentatif de la société marocaine.

Sinon, 47 % des voix pour le PJD, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Ce n’est pas fiable du tout parce que le PJD est un parti national qui a sa part dans certaines circonscriptions, mais il n’est pas partout. Je considère que ce pourcentage est une fiction. La seule chose qui est vraie dans ce sondage est le fait que le chômage demeure la principale préoccupation des Marocains et cela, on n’a pas besoin d’un sondage pour le savoir. C’est une réalité dont sont conscients tous les Marocains comme pour le reste des handicaps dont souffre notre pays.

Que pensez-vous du raz-de-marée islamiste annoncé pour 2007 ? Le double discours du PJD ne fausse-t-il pas les règles du jeu ?
Le PJD aura certainement les voix des exclus de la société marocaine. Il ne faut pas gonfler la baudruche. Ce parti aura aussi sa part sur l’échiquier politique national comme tous les partis et surtout dans les grandes villes. Quant à votre question sur son double discours, le PJD a le même référentiel religieux que tous les Marocains.
Pour moi, on ne peut pas se baser sur l’Islam pour faire la différence entre les Marocains. Les gens du PJD sont en plus d’accord sur les fondements de la Nation. En ce qui concerne les programmes économiques et sociaux, je ne pense pas qu’un parti politique, qu’il soit de gauche, de droite ou islamiste, puisse échapper aux contraintes du pays que sont l’ampleur prise par la précarité, la pauvreté et la marginalisation. Je ne pense pas non plus qu’un programme économique, de n’importe quelle obédience, puisse ne pas s’inscrire dans le contexte international avec tous ses défis de mondialisation, de libre-échange et même des fluctuations du prix du baril de pétrole…

Par les temps qui courent, on parle beaucoup d’alliances entre formations politiques nationales. Votre parti pourrait-il éventuellement s’allier avec le PJD ?
Il est encore prématuré de répondre à cette question. Comme tout le monde sait, le Mouvement populaire est un parti aujourd’hui unifié qui a son histoire, ses références et des cadres solides.
De toutes les manières, nous sommes prêts à avoir des alliances avec tous les partis qui vont survivre à l’application de la loi sur les partis politiques, mais qui partagent avec nous les mêmes principes et mêmes orientations.

Le mode de scrutin pour 2007 suscite aussi beaucoup de polémique. Quelle est votre position au Mouvement populaire ?
Nous l’avons annoncé à haute voix et à maintes reprises. Le Mouvement populaire est pour le retour au scrutin uninominal à un seul tour. Les Marocains, je le répète, votent pour l’individu et non pour le parti ou l’idéologie. Comme nous connaissons notre monde, c’est le mode de scrutin qui nous paraît le plus approprié. En plus, au Maroc, nous n’avons pas la culture d’appeler, par des directives claires, à voter pour quelqu’un d’autre quand on voit que ses chances sont minimes dans telle ou telle circonscription. Il ne faut pas non plus oublier que le Maroc reste un pays de tribus. L’exemple le plus flagrant de cette réalité, on l’a vu dernièrement lors de la constitution du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes et les protestations publiques de quelques tribus qui se sont estimées sous-représentées.

Votre parti tarde à désigner ses instances et structures. Quand est-ce que tout l’édifice haraki sera-t-il achevé ?
Le 29 avril, le Mouvement populaire va réunir son conseil national composé de 600 personnes élues en plus des membres es-qualité (parlementaires, présidents de régions…). Cette instance aura pour tâche d’élire un comité central de 220 personnes avec des membres es-qualité qui n’auront pas automatiquement le droit de vote. Ce comité central, enfin, élira les 35 membres du bureau politique du Mouvement populaire et nous comptons tout terminer au plus tard le 30 avril. 

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