ALM : À qui incombe la responsabilité de la mise en œuvre des recommandations de l’IER ?
Amina Bouayach : Il y a des institutions constitutionnelles au Maroc, à savoir le gouvernement et le Parlement. Il y a par ailleurs, des institutions consultatives comme Diwan Al Madhalim et le CCDH. Pour ce qui est de la mise en œuvre des recommandations de l’IER, il faut évaluer et juger l’action du gouvernement dans ce sens. Le gouvernement est le premier responsable de la mise en œuvre de ces recommandations. D’autant plus que le Premier ministre avait souligné dans la déclaration du gouvernement, que l’un des objectifs de son gouvernement est la mise en œuvre des recommandations de l’IER. Il faut aussi que le Parlement contribue avec le gouvernement à cette mise en œuvre. Et son rôle est important.
Certaines associations ont estimé que la mise en œuvre des recommandations de l’IER souffre de lenteur. Qu’en pensez-vous ?
Je crois que la seule association qui a dit que la mise en œuvre des recommandations de l’Instance équité et réconciliation connaît une certaine lenteur est l’OMDH. Plusieurs chantiers ont été lancés. Mais le rythme de réalisation de ces chantiers reste en dessous de nos aspirations. À l’OMDH, nous estimons qu’il y a deux niveaux. Le premier concerne la réparation communautaire et individuelle. Ce volet va dans le bon sens, même si un certain nombre de cas sont toujours en suspens. Le second niveau est celui qui touche le volet institutionnel et législatif. Ce volet, malgré le fait qu’il soit en cours de traitement, souffre de lenteur. Aujourd’hui, nous estimons à l’OMDH qu’il faut passer à l’étape de la mise en œuvre à celle de la mise en application des dispositions contenues dans les recommandations, à travers des mesures appropriées.
Quels sont les moyens nécessaires à la mise en œuvre des recommandations?
Il est nécessaire que les recommandations de l’Instance équité et réconciliation soient mises en application. Comment cela peut se faire ? Et bien par des mécanismes et aussi à travers les propositions de lois que le Parlement peut présenter dans ce domaine.
Les quatre grandes recommandations de l’IER 1- La consolidation des garanties constitutionnelles des droits humains, notamment par l’inscription des principes de primauté du droit international des droits de l’Homme sur le droit interne, de la présomption d’innocence et du droit à un procès équitable,… L’IER recommande par ailleurs le renforcement du principe de la séparation des pouvoirs, et l’interdiction constitutionnelle de toute immixtion du pouvoir exécutif dans l’organisation et le fonctionnement du pouvoir judiciaire. |