Couverture

AMO : Un projet et un pari

L’AMO et la « baraka » ont-ils quelque chose en commun ? A priori non. Toutefois, si l’on se penche sur la petite histoire du projet de l’AMO dans notre pays, depuis qu’il a été lancé en 1989, il semble qu’il a eu, depuis toujours, la « baraka » des pouvoirs publics. Sans plus. Dès le début, la démarche poursuivie a en effet manqué de vision claire et précise sur les modalités pratiques à adopter pour mettre en oeuvre un tel projet. Chose qui prédestinée toute tentation de le mettre sur les rails, dans des délais acceptables, à l’échec.
De l’autre côté, les compagnies d’assurances, partenaires, dit-on, de l’Etat dans ce projet, aussi organisées et modernes soient-elles, n’ont jamais pu adhérer complètement à cette dynamique. Il faut reconnaître que la sacro-sainte « baraka » n’est pas leur fort. Plusieurs reconnaissent aujourd’hui que la tâche à accomplir effrayait plus d’un. Même si, paradoxalement, le besoin de réussir cette entreprise ardue, mais qui rapporte énormément, paraît-il, a été identifié par tous les intervenants. « Pour notre compagnie, l’assurance maladie est un produit d’appel. Pas plus. Nous perdons beaucoup d’argent sur cette activité, mais elle fait partie d’un tout. En d’autres termes, c’est en offrant aux clients cette couverture qu’on arrive à leur faire souscrire d’autres produits d’assurances », note un responsable d’une compagnie de la place. Et d’ajouter, « c’est en gagnant de l’argent qu’on arrive à faire des affaires. Reste encore que cet argent, doit-on l’encaisser à temps et dans des délais préétablis au risque d’être confronté à d’énormes difficultés de gestion de trésorerie. Et le métier de l’assurance, c’est la gestion d’un chiffre d’affaires encaissable ». Or, l’Etat n’a jamais pu définir une stratégie claire concernant ce volet. Les responsables des assurances prêtaient une attention très particulière à la démarche à adopter pour pérenniser la même qualité de service à tous les clients.
Dans ce dessein, ils ont présenté aux autorités de tutelle des propositions détaillées concernant la gestion opérationnelle de cette activité. Il s’agissait de prendre en charge l’ensemble du circuit, de la perception des cotisations au remboursement final. Disposant des structures adéquates et de la technicité suffisante, les assurances ont souhaité associer la CNSS uniquement dans la gestion de ses liquidités. Les enjeux sont en effet de taille. Les affaires et le social sont deux choses distinctes.
En accordant la gestion de ce régime d’assurance exclusivement à la CNSS, l’Etat paraît abandonner ses partenaires et retirer la confiance qu’elle en avait placée au tout début pour l’accompagner dans ce projet. Le risque reste ainsi entier puisque la vielle caisse, au vu de la qualité actuelle de ses prestations, ne pourra certainement pas hisser le niveau de ses pratiques au rang de standards acceptables. À titre d’exemple, Faute de moyens, humains ou techniques, des fonds importants de la caisse sont confiés à des établissements bancaires de la place qui les rémunèrent à des taux modiques. Ces institutions gagnent en retour beaucoup d’argent sur le placement de ces liquidités. Elles ne font ainsi rien pour l’amélioration de ce système. Semble-t-il que tout le monde y trouve un certain compte. On imagine mal alors comment la vielle caisse pourra-t-elle garantir des taux de remboursement corrects !

Articles similaires

CouvertureSociétéUne

Le Maroc «soigne» les déserts médicaux par la Télémédecine

Le Souverain lance la 2ème phase du programme des Unités médicales mobiles...

CouvertureEconomieUne

Un grand port industriel en projet à Tan Tan

La région de Guelmim-Oued Noun confirme ses ambitions de nouveau hub international...

CouvertureEconomieUne

Industrie : Le Maroc veut sécuriser ses exportations vers les USA

En partenaires de longue date, le Maroc et les Etats-Unis tiennent à...

CouvertureUne

Quand l’eau part «en fumée» dans les barrages

Après la sécheresse, c’est au tour de la hausse des températures de...