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ALM : Un différend semble opposer le ministre de la Communication et d’autres membres du gouvernement au sujet du projet de loi sur la réforme audiovisuelle. Qu’en pensez-vous ?
Saoud El Atlassi: L’adoption par le Conseil du gouvernement d’un projet de loi comme celui-là, qui touche la libéralisation du paysage audiovisuel marocain, ne repose pas seulement sur des considérations purement techniques. Certes, le projet de loi énonce dans un cahier des charges un certain nombre de critères pour l’installation par exemple d’une chaîne de télévision ou une station de radio étrangères. Mais plusieurs autres aspects, non moins importants, intéressent des ministres comme celui de l’Education nationale ou celui des Affaires islamiques ou encore le ministre de la Culture ou de la Justice.
En somme, le projet de loi sur la libéralisation des ondes n’est pas un texte comme tous les autres.
Effectivement. Ce n’est pas un simple projet relatif à la création d’une nouvelle taxe. Nous sommes en train de jeter les bases, que j’espère solides, d’une réelle démocratie sur laquelle nous devrons construire tout notre avenir. Cette loi, une fois entrée en vigueur, permettra à la Haute autorité d’entamer sa mission. Le Maroc sera donc jugé sur son expérience d’autorégulation et sur la manière avec laquelle les Marocains vont gérer leur démocratie.
Quelles sont, d’un point de vue purement théorique, les raisons qui ont poussé certains ministres à retarder l’adoption du projet de loi ?
Bien évidemment, le cahier des charges doit tenir compte des questions d’intérêt général du pays, les valeurs unanimement acceptées par les Marocains. A savoir notamment, l’intégrité territoriale, le rite malékite, etc… Si le ministre de la Justice a fait des remarques c’est que certainement il a été attiré par des questions d’ordre juridique. Comme vous savez, le Conseil du gouvernement est souverain. Tous les ministres, même si leur département n’a aucun rapport avec le secteur de l’audiovisuel, peuvent librement donner leur avis sur le projet. A ce titre, il est tout à fait possible que les membres du gouvernement n’ont pas eu assez de temps pour examiner le projet de loi et partant émettre les remarques qu’ils jugent utiles. En tout cas, il n’y a pas de blocage à proprement parler, mais uniquement un approfondissement. Le gouvernement n’est pas le Parlement où il y’a une majorité et une opposition.
Que pensez-vous de manière générale du projet de loi que vous avez eu l’occasion de lire ?
C’est un projet très complexe. Il a la vocation de toucher à plusieurs volets, met en place les conditions d’accès au paysage audiovisuel marocain et trace les limites à ne pas dépasser. Je pense qu’il est de l’intérêt du gouvernement et du Maroc d’adopter rapidement ce projet de loi, car nous avons des échéances à respecter. Et tout le monde sait que plusieurs demandes de création des stations -radio et des chaînes télévisées sont déposées au ministère de la Communication.
Et qu’en est-il de la composition de la Haute autorité ?
J’estime que sa composition est raisonnable. Certes, des critiques ont été émises mais je pense que l’objectif du pays n’est pas d’avoir une Haute autorité idéale. Le but, en revanche, est de mettre sur pied une instance efficace. Etre originaire du monde de l’audiovisuel n’a également jamais été une condition d’éligibilité en soi. Au contraire. La Haute autorité ne se veut pas une instance sectaire. Ses membres viennent de plusieurs secteurs différents. Ce sont des personnes dont l’expérience et la réussite ne sont plus à démontrer. Il était grand temps que les nominations touchent des personnes autres que les habitués, qui cumulent les postes et les fonctions. En outre, je sens que les membres de la Haute autorité sont très motivés. Ils ont un défi à relever.

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