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Arrestation de l’assassin d’Abousaad

L’arme qui a servi à l’assassinat du chef de pavillon de la prison de Safi a été acquise en Mauritanie et introduite au Maroc par le meurtrier présumé de Abdelkarim Aboussaâd arrêté jeudi 22 février. Les sources policières indiquent qu’il s’agit d’un pistolet 9 mm acheté en Mauritanie, auprès d’un trafiquant d’armes, par Mustapha Sarnane, un repris de justice. Les mêmes sources policières ajoutent que le pistolet en question a transité par le poste-frontière de Bir Guendouz. La police n’a pas encore divulgué l’identité exacte, ni les motifs pour lesquels le dénommé Mustapha Sarnane avait purgé une ou des peines de prison. Toutefois, cet «incident» remet encore sur le tapis le problème du contrôle des frontières avec la Mauritanie surtout qu’il ne s’agit pas de la première fois qu’on évoque des «importations» d’armes depuis ce pays. Il a déjà été établi que c’est de ce pays que provenaient quelques armes destinées à des milieux séparatistes à l’intérieur du Maroc. Que ces mêmes frontières soient en même temps l’un des passages des «illuminés» désireux de rejoindre les rangs de l’ex-GSPC devenu «Al-Qaïda aux pays du Maghreb islamique», cela ne devra pousser que vers plus de vigilance. Règlement de comptes ou complot terroriste? L’enquête en cours le démontrera.
Par ailleurs, les services de sécurité, au niveau central, viennent de généraliser une nouvelle circulaire appelant les services locaux à redoubler de vigilance. Selon une source sécuritaire, cette nouvelle circulaire appelle les services concernés à prendre tout incident au sérieux et à le signaler aux autorités compétentes qui prendront les mesures qui s’imposent. C’est ce qui explique la présence accrue, depuis quelques jours, des services de sécurité dans les principales artères des villes marocaines et la multiplication des points de contrôle dans les périphéries. La même circulaire appelle à mettre à contribution les grossistes de matières chimiques, mais aussi les quincailleries pour signaler toute acquisition suspecte de matériaux pouvant servir un dessein criminel. Sont notamment concernées les matières contenant du carbone et une catégorie de verre. «Même un client habituel qui acquiert des quantités supérieures à ce qu’il achète d’habitude doit faire l’objet d’un signalement», souligne la même source.
Les services de sécurité, selon des sources bien informées, disposent de plus de moyens plus adéquats pour mener à bien leur mission : moyens logistiques permettant une intervention rapide et surtout la traque des suspects dans des localités difficiles d’accès comme c’est le cas notamment au Nord et au Sud.
Selon les mêmes sources, depuis le lancement de la nouvelle traque contre les réseaux terroristes au Maroc, les services de sécurité avaient interpellé près de 130 personnes et seraient à la recherche d’une vingtaine de suspects qualifiés de dangereux pour leurs liens présumés avec Al-Qaïda aux pays du Maghreb, la nouvelle dénomination prise par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).
Sur la totalité des personnes interpellées, l’écrasante majorité avait fait l’objet de contrôle d’identité avant d’être remise en liberté alors que cinq individus auraient été gardés en détention provisoire le temps d’enquêtes supplémentaires les concernant. On apprend également que, parmi les personnes arrêtées avant d’être relâchées, figure un bon nombre d’individus ayant déjà purgé une peine de prison en relation avec les procès post-16 mai 2003.
Quant aux individus toujours en détention, ils auraient entretenu des liens avec les mouvements terroristes qui s’activent dans la région du Sahel et notamment en ce qui concerne le recrutement et l’embrigadement de jihadistes pour des attentats kamikazes en Irak.
Il y a quelques jours, les services de sécurité lançaient d’ailleurs un avis de recherche à propos de deux individus qualifiés de "dangereux". Mohamed Réda Belhachmi et Belal Hmam, tous les deux originaires de Tanger, seraient en relation directe avec Al-Qaïda aux pays du Maghreb islamique et auraient même bénéficié de plusieurs semaines d’entraînement dans l’un des camps, en Algérie, de cette nouvelle succursale de la nébuleuse terroriste. Les deux individus recherchés ont encore ce lien commun avec deux autres individus recherchés depuis plusieurs jours, originaires de Tanger et avoir entretenu des liens avec l’ex-GSPC. Abdelhadi Cheeri et Aziz Cheghouani.
Ces quatre individus font l’objet d’intenses recherches de la part des services de sécurité qui mènent toujours campagne au Nord, mais également au Sud et aux postes frontières pour empêcher les quatre membres présumés d’Al-Qaïda aux pays du Maghreb islamique de quitter le pays.
Dans leurs efforts de traque des terroristes présumés, les services de sécurité ont instauré une meilleure coordination et notamment depuis les réunions de ces deux dernières semaines. Les éléments de la DGED (Direction générale des études et de la documentation), de la DGST (Direction générale de la surveillance du territoire), de la DGSN (Direction générale de la sûreté nationale) et de la Gendarmerie royale ont abouti à une meilleure synergie de leurs efforts, aidés en cela par le rôle non moins important des DAG (Directions des affaires générales), mais aussi des éléments des Forces auxiliaires présents en force sur le littoral méditerranéen.  
Jeudi 15 février, le ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, a affirmé que le Maroc était prêt à parer à toute tentative d’atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays, des citoyens et de leurs biens.
Chakib Benmoussa a affirmé que l’ensemble des mesures et dispositions décidées par le ministère de l’Intérieur et les services de sécurité visent à «élever le niveau de sensibilisation de l’opinion publique nationale quant à ces dangers et de mobilisation pour la protection de notre pays». Le renforcement de tout le dispositif a été décidé, à en croire M. Benmoussa, «eu égard aux mouvements, dans la région, de groupes terroristes extrémistes, sur la foi d’informations disponibles confirmées par les services nationaux et internationaux de sécurité, en tenant compte des évènements et opérations survenus sur la scène régionale et du démantèlement d’un certain nombre de réseaux terroristes». Ledit dispositif concerne notamment le niveau de vigilance aux frontières, terrestres, maritimes et aériennes.

Idghiri, le «pionnier» du Sahel
En janvier dernier, Mohamed Saïd Idghiri a été condamné à dix ans de prison pour terrorisme.  à la tête d’un groupe de dix personnes, ce dernier est l’un des premiers jihadistes à former un groupe terroriste avec des connexions avec l’ex-GSPC mais dont la structure était éclaté entre le Maroc, l’Espagne et le Sahel. Mohamed Saïd Idghiri, Marocain ayant séjourné en Grande-Bretagne, avait réussi à envoyer quelques-uns des membres de son groupe s’entraîner chez l’ex-GSPC. Lui même avait tenté le voyage avant de tout coordonner pour installer une cellule à Tanger pour des actes terroristes. Certains membres de ce groupe étaient arrivés au Sahel au moment où l’ex-GSPC ramenait en Algérie le butin de l’attaque de la caserne mauritanienne de Lemghiti. Depuis, les arrestations se suivent et concernent plus de terroristes présumés en relation avec Al-Qaïda et le Jihad en Irak. Les cellules démantelées entretiennent assez souvent des liens avec d’autres cellules basées en Europe et notamment en Belgique. Mohamed Saïd Idghiri, au moment de rentrer au Maroc, a été intercepté au poste-frontière de Bir Guendouz. Son groupe a été démantelé en décembre 2005.

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