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Attentat de Marrakech : L’ennemi intime

© D.R

Ça y est. Ils ont recommencé.  L’ennemi intérieur a bien choisi son moment pour nous faire mal. Il a mis huit ans pour réussir son coup et faire, de nouveau, actionner l’engin bricolé. C’est qu’il est patient ce salopard. Ennemi intime et partisan de l’intimidation. Il ne s’est pas contenté, cette fois-ci, en choisissant sa cible, de déchiqueter la chair marocaine. Il l’a entremêlée avec celle de nos invités innocents qui flânaient  dans l’insouciance de ce matin doux et printanier. L’ennemi intérieur est féru de symbole et du message sibyllin. Il nous a expédié une énigme.  Il a bien choisi le moment, ce salopard. La ronce menace toujours le jardin négligé. Il a senti notre garde baissée. Il a profité du brouhaha de nos débats pour introduire clandestinement son écharde tueuse. Il scrutait patiemment nos inadvertances pour mieux s’introduire dans les failles de notre insouciance et actionner la flamme injuste. C’est qu’il veut nous priver du luxe que nous avons de débattre, dans le calme, pour choisir le sentier de notre espérance commune. Il est résolu à tuer, dans l’œuf, toute promesse d’avenir. Et que l’on ne s’y trompe pas. Il ne s’est invité dans nos controverses que pour mieux les exacerber.  Maintenant que l’irréparable est commis. Que l’indicible est parvenu. Que nous avons désormais une dette morale vis-à-vis de nos invités, fauchés par des clous, et qu’une part de culpabilité de ne pas avoir su les protéger nous tenaille. Que la légendaire hospitalité qu’est la nôtre, victime collatérale de l’ignominieuse attaque, est à terre. Qu’elle mettra longtemps à s’en remettre, et qu’elle s’en remettra ! Que faire ?  
D’abord, ne soyons submergés ni par le remord ni par l’émotionnel. Ce serait faire un beau cadeau aux salauds. On sait maintenant que le péril est aux coins de la rue. L’ennemi intime a cette capacité de sommeiller, d’hiberner et de se dissimuler sous les draps de l’ombre jusqu’à en surgira pour nous surprendre au moment propice de nos léthargies. C’est notre ennemi intérieur et il nous revient à nous et à nous seuls de le combattre. Comme il est déterminé, il nous faudra l’être tout autant. C’est un guerrier. Il joue avec la syntaxe de la guerre. Il est inaudible au jargon de la démocratie qu’il veut abattre et au verbiage des droits de l’Homme qu’il abhorre. Et si c’est justement l’affermissement de la démocratie et le renforcement des droits de l’Homme qu’on doit lui opposer, il serait angélique et naïf de présumer que cela suffise pour le convaincre ou l’anéantir. La guerre contre le terrorisme n’est pas une affaire de police ou de service. C’est une guerre du peuple marocain. C’est une guerre juste. Totale. Implacable. Il nous faudra savoir la mener. Tous ensemble. Notre talon d’Achille pourrait être cette tentation de conjoncturer. De spéculer sur des hypothèses même lorsqu’elles ne sont pas exclues. D’inoculer le virus de la complotite. Avant même que ne coagule le sang des victimes, il y a, par-ci par-là, des insinuations qui participent du délire polémique. Summum de l’indécence.  Si la vigilance s’impose, elle ne saurait devenir veulerie intellectuelle et spéculation immorale. J’ai été choqué, par exemple, par la Une d’un hebdo comme Tel Quel, dans lequel je compte des amis. Une photo, un lieu, une date. Et puis rien. Le silence. Je l’ai ressenti comme une manière d’affirmer la méfiance et la vigilance conduisant inexorablement à une forme de neutralité malheureuse. Non Messieurs ! Ce n’est pas «le printemps marocain», construction journalistique absconde, qui pourrait être, qu’a Dieu ne plaise, victime de l’acte ignoble de Marrakech. C’est déjà l’essence même de la marocanité qui est d’ores et déjà abîmée. Dans ce combat contre la terreur, tout le peuple marocain, avec toutes ses saisons, printemps comme hiver,  devrait trouver, avec une inépuisable détermination, son ciment politique. Pour finir, je citerai une femme, la soixantaine, fortement pieuse, qui rate rarement une prière et qui besogneusement gagne sa vie comme cuisinière pour pallier, seule, aux besoins de ses quatre enfants. Dès la nouvelle tombée, elle a eu ce cri de cœur «Qu’Allah nous rende justice et qu’Il châtie ces assassins», j’ai y entendu la voix du peuple. La vraie.

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