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Avec un taux de 37%, la participation limite la portée politique des élections législatives du 7 septembre

© D.R

Les élections législatives du 7 septembre se sont déroulées dans une transparence totale de l’avis de tous les observateurs internationaux. «Le vote s’est caractérisé par un esprit de transparence et de professionnalisme et durant toute la campagne électorale, le gouvernement a donné aux Marocains une opportunité significative de faire connaître leurs opinions politiques», indique le rapport préliminaire de la mission d’observation internationale des élections. Un témoignage confère aux élections marocaines le label de la crédibilité démocratique conformément aux critères universellement retenus pour l’observation des élections.
Les Marocains ont donc pu se prononcer librement sur le choix de leurs représentants à la Chambre des députés. Mais pas tous. La majorité a préféré bouder les collèges électoraux. Près de 63% des électeurs n’ont pas jugé nécessaire de voter. Apathie politique, sanction de la classe politique ou désintérêt total pour la chose publique ? Les analyses se multiplient et la réaction de la classe politique se fait attendre pendant que le phénomène, lui, s’installe petit à petit d’une manière redoutable dans la société. Alors que, dans des élections aussi vitales que celles de vendredi dernier, le taux de participation aurait dû flamber, on assiste plutôt à une régression de la participation par rapport à 2002.
«Le dénigrement systématique du rôle et de l’importance des institutions et des partis politiques dans les médias -même publics- finira par étouffer toute envie chez les citoyens en âge de voter d’exprimer leur choix», estime un observateur. Cette baisse continue du taux de participation met en doute la portée démocratique des résultats. Avec un taux de participation de 37% dont 19% de bulletins annulés, l’effet d’un certain discours nihiliste discréditant les institutions et les partis politiques est évident.
Un discours que la classe politique, elle-même, aide à diffuser. À travers la multiplication des formations, les petits calculs politiciens et des ambitions individuelles, les partis politiques ont tellement fractionné l’offre politique ce qui l’a affaiblie et privée de sa force de mobilisation.
Un effet qui a touché même le PJD que certains observateurs internationaux donnaient pour vainqueur des élections. Entretenant un discours islamiste populiste qu’elle considérait comme la clé du succès électoral, cette formation n’a pas su s’implanter dans la société marocaine. Aux yeux des électeurs, ils sont finalement à l’image de toutes les autres formations.
L’électeur marocain ne leur a pas accordé plus de crédit qu’aux autres partis qui ont bien résisté face à ce qui devait être un raz-de-marée islamiste. Avec 47 députés, le PJD ne peut s’imposer en tant qu’élément incontournable pour la formation d’une majorité. La Koutla (Istiqlal-USFP-PPS) qui obtient 102 sièges et dont les dirigeants ont accordé d’appréhender la période post-électorale en rangs serrés s’impose d’ores et déjà comme le noyau dur d’une coalition gouvernementale. D’autant plus que le parti de l’Istiqlal a obtenu le plus grand nombre de sièges (52) et peut aspirer à diriger le futur gouvernement. D’ailleurs, son score prouve que sa ligne idéologique est capable de tenir face aux tentatives incessantes de l’islamisme politique de s’installer dans la société marocaine. Pour les socialistes de l’USFP (36), le test électoral du 7 septembre est un véritable choc pour ses militants et ses sympathisants puisqu’il perd 26 sièges, mais cela ne l’empêche pas de continuer à être un parti ayant une représentativité qui lui permet toujours de jouer les premiers rôles dans le paysage politique marocain. Pour le PPS (14), la régression en nombre de sièges n’aura pas un effet direct sur son positionnement dans d’éventuelles tractations post-électorales étant donné le soutien de ses collègues dans la Koutla. Mais son image risque quand même d’être affectée par la défaite électorale de deux de ses dirigeants : son secrétaire général, Ismaël Alaoui et Nabil Benabdallah. Pour la Mouvance populaire (MP), il est clair que la fusion entre ses trois composantes (MP-MNP-UD) ne lui a pas beaucoup bénéficié. Cette formation passe de 66 à 43 sièges, ce qui l’oblige à revoir ses ambitions à peine voilées avant les élections de diriger le futur gouvernement. Les résultats risquent de provoquer une déstabilisation d’une fusion qui est encore très fragile. Du côté des partis qui étaient dans l’opposition, l’événement surprise de ces élections reste le retour en force de l’Union constitutionnelle (UC) qui obtient 27 sièges soit 8 députés de plus qu’en 2002.
La carte politique issue du scrutin ne peut toutefois être considérée comme étant définitive puisque, comme cela a toujours été le cas, des mouvements de transhumance commenceront dans tous les sens juste après l’installation du Parlement et la formation du gouvernement.

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