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Aznar complote contre le Maroc

© D.R

La visite effectuée, le 11 juillet, par le chef du Polisario,Mohamed Abdelaziz, à Madrid sur invitation de l’ancien chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, et l’annonce par ce dernier de son intention de visiter les camps de Tindouf a suscité une grande polémique en Espagne et a accaparé le débat politique en ce pays.
L’initiative de l’ex-président de l’exécutif espagnol a été critiquée par le gouvernement socialiste qui considère qu’il s’agit d’un acte qui porte atteinte à la politique étrangère espagnole alors que certains partis faisant partie de la majorité ont approuvé la décision de l’ex-patron du Parti populaire (PP). Ce qui est tout à fait normal puisque les petits partis qui soutiennent le gouvernement socialiste, qui sont des partis nationalistes voire indépendantistes, soutiennent le Polisario et ne peuvent en aucun cas s’opposer à la visite d’un ex-président du gouvernement à Tindouf et ce quelle que soit sa couleur politique.
Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, en se réunissant avec Mohamed Abdelaziz et en décidant de se rendre à Tindouf, José Maria Aznar n’a pas pour objectif de soutenir la prétendue cause sahraouie. En fait, toute la mascarade avait un seul objectif: déstabiliser la coalition gouvernementale de José Luis Rodriguez Zapatero et créer par la même occasion une politique d’opposition qui fait encore défaut chez le Parti populaire. 
Car, depuis que sa défaite électorale du 14 mars 2003, le Parti populaire vit une grande crise à la fois d’identité et de leadership.
La victoire du parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) sous la direction de son jeune dirigeant, José Luis Rodriguez Zapatero, que les Populaires n’ont pas encore assimilée, a chamboulé tous les calculs politiques du parti de José Maria Aznar.
En effet, le scénario prévu par les Populaires était le suivant : le PP gagne les élections législatives, Aznar sort du gouvernement par la grande porte et son successeur opte pour la même politique nationale et internationale adoptée par son prédécesseur durant les huit ans de gouvernement de droite. En deux mots : la victoire et la consécration de l’Aznarisme comme l’unique tendance au sein du PP. Ce qui allait permettre à José Maria Aznar de continuer à avoir une grande influence sur la politique de son pays à travers son successeur qu’il a lui-même choisi.
Or, il n’en fut pas ainsi. Non seulement, les socialistes ont gagné les élections, mais la politique adoptée par Aznar durant ses deux mandats successifs a été largement critiquée par l’opinion publique espagnole qui a compris que l’ancien chef de file du PP avait conduit le pays sur la voie de l’isolement politique en Europe comme sur le plan international.
Aujourd’hui, José Maria Aznar, conscient de l’incompétence de son successeur à la tête du PP, Mariano Rajoy, est en train de tenter de recadrer la politique de ce dernier afin de permettre à la droite de continuer à avoir une présence sur la scène politique espagnole. Profitant du statut de président d’honneur qu’il s’était lui-même accordé avant son départ, M. Aznar prend les devants et commence à définir les lignes de conduite de son parti dans le cadre de son statut de parti d’opposition. Chose que M. Rajoy n’a pas réussi à faire. Certes, il faut reconnaître que ce dernier n’a jamais pu se libérer de l’ombre de son ancien chef, mais, il est clair que son vrai problème c’est qu’il n’était pas préparé pour diriger un parti d’opposition mais pour être un président de gouvernement.
Constatant que le PP est en train de chuter dans les sondages de popularité puisqu’il n’a pas encore trouvé le ton qu’il faut pour faire de l’opposition au PSOE, M. Aznar a décidé de reprendre les choses en main. Et sa stratégie est simple : faire de l’opposition sur les mêmes thèmes qui ont constitué sa politique au sein du gouvernement et tenter de provoquer l’éclatement de la majorité gouvernementale du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero.
Ainsi, il a commencé par créer la polémique sur la question des relations avec le Maroc. Un sujet sur lequel il avait basé sa politique étrangère du temps où il était au pouvoir.
Mais, là où il semble avoir trouvé la solution qu’il cherchait pour les problèmes du PP, c’est sur la question du Sahara marocain. Car, cela lui permet de faire d’une pierre deux coups. D’un côté, il crée la polémique sur ce qu’il considère comme l’ennemi du sud et de l’autre il déstabilise la coalition gouvernementale de M. Zapatero qui gouverne avec une majorité relative. Sachant que les partis formant cette majorité adoptent une politique anti-marocaine sur la question du Sahara, il espère finir par les pousser à abandonner leur soutien au gouvernement de Zapatero ce qui risque de provoquer sa chute et donc l’organisation d’élections législatives anticipées.
Ainsi, si M. Aznar a décidé de se réunir avec le chef des mercenaires et de se rendre à Tindouf, ce n’est pas parce qu’il croit à sa cause mais parce qu’il veut uniquement l’utiliser à des fins politiques et non pas parce qu’il est convaincu de la légitimité de la position du mercenaire en chef de Tindouf.

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